En 2020, les ventes de livres au détail avaient subi l'impact des fermetures de librairies imposées dans le cadre de la crise sanitaire, et reculé de 4,5 % (1). En 2021, elles ont connu un redressement spectaculaire. À + 12,5 % en moyenne sur l’année d’après nos données Livres Hebdo/Xerfi/Sécific, jamais le marché du livre, un marché mûr dont les évolutions oscillaient chaque année depuis quinze ans entre - 2 % et + 2 %, n’avait connu un tel rythme de croissance. Significativement, l’activité en 2021 s’inscrit également en très forte hausse (+ 7,4 %) par rapport à celle de 2019, la dernière année à ne pas avoir été impactée par la pandémie de Covid.
Une année mouvementée
Au fil de l’année, les rebondissements, les accélérations et les coups de frein n’ont pourtant pas manqué. En janvier, l’activité a bondi d’emblée de 14 %. Mais elle a connu un coup d’arrêt dès le mois suivant (-4 %) du fait des nouvelles restrictions au commerce introduites par le gouvernement, notamment dans les grandes surfaces. De mars à mai 2021, les ventes de livres, respectivement à + 70,5 %, + 93 % et + 37 %, sont reparties en flèche comparativement aux mêmes mois de l’année précédente, correspondant à la fermeture des librairies pendant le premier confinement. À l’inverse, en juin, elles ont marqué le pas (- 5 %) par rapport à un mois de juin 2020 qui s’était affiché en forte hausse. Puis elles ont retrouvé pendant l’été une bonne dynamique : + 4,5 % en juillet, + 3 % en août, + 2 % en septembre. La contre-performance d’octobre (- 1,5 %) a été suivie en novembre d’un fort rebond (+ 67 %), un an après le deuxième confinement. A contrario, le résultat décevant de décembre 2021 (- 5,5 %) s’explique par le succès de la campagne des fêtes de fin d’année un an plus tôt, à + 19 %.
Parmi les différents circuits de distribution, tous en progression sensible, les circuits spécialisés, à commencer par les librairies, ont le mieux tiré profit du rebond de l’activité l’an dernier. Les librairies de 2e niveau en particulier, dont le positionnement de proximité s’est révélé le plus adapté au contexte de la crise sanitaire, affichent une croissance record (+ 17,5 %), suivies par les librairies de 1er niveau (+ 14,9 %). Les ventes des grandes surfaces culturelles évoluent à un niveau proche du niveau moyen du marché (+ 12 %). Seuls les hypermarchés (+ 6,6 %) ne bénéficient que partiellement du regain d’intérêt du public pour le livre.
Toutes les catégories de livres, même celle des beaux livres et livres d’art (+ 8,5 %), traditionnellement à la traîne, participent du redressement du marché même si celui-ci est d’abord tiré par les secteurs de la bande dessinée et des mangas (+ 34 %, soutenus par un nouvel album d’Astérix) et dans une moindre mesure du livre pour la jeunesse (+ 16 %). La littérature générale en fiction (+ 12 %) comme en non-fiction (+ 13 %) progresse au niveau du marché, tout comme les livres pratiques (+ 12,5 %) et dans une moindre mesure les sciences humaines (+ 10,5 %) et le poche (+ 10 %). Les secteurs du livre scientifique, professionnel, d’éducation et de référence croissent également. Mais ils le font sur un rythme plus modeste, du parascolaire (+ 8,5 %) et du scolaire (+ 7,5 %) à l’économie-gestion (+ 4,5 %) et aux dictionnaires (+ 4 %) en passant par le scientifique, technique et médical (+ 7 %) et le droit (+ 5,5 %).
Tous les indicateurs au vert
Le sursaut de l’activité est d’autant plus remarquable qu’il ne s’accompagne pas d’une hausse des prix. Stable en 2020 (+ 0,1 %), l’indice Insee du prix des livres n’augmente que de 0,5 % en 2021, contre 2,8 % pour l’indice général des prix.
Corrélativement, tous les indicateurs de la santé de la librairie sont au vert. Tous circuits de vente confondus, plus de la moitié des détaillants enregistrent une hausse de la fréquentation, contre moins de 30 % qui accusent une baisse. Le panier moyen d’achat atteint 21 euros, contre 20 euros en 2020 et 19,50 euros en 2019. Les stocks sont maîtrisés, à 77,5 jours de vente, contre 85,5 un an plus tôt. Le taux de retour moyen est ramené à 20,5 %, contre 21,5 % en 2020 et 24 % en 2019. Moins de 14 % des points de vente déclarent une contraction de leur trésorerie, contre plus de 35 % qui constatent une hausse
La production de livres, qui s’était effondrée en 2020 à 60 541 nouveautés et nouvelles éditions (- 11,2 %) du fait des nombreuses déprogrammations imposées par les fermetures de librairies, repart, elle, logiquement à la hausse. Mais, à 68 047 nouveaux titres (+ 12,4 %) d’après nos données Livres Hebdo/Electre Data Services, elle se contente de retrouver son niveau de 2019, alors à 68 171 nouveautés et nouvelles éditions.