Moyen-Orient

Le Koweït censure Dostoïevski

Fiodor Dostoïevski en 1876 - Photo Domaine public

Le Koweït censure Dostoïevski

Le Festival international de littérature du Koweït a interdit 948 livres, parmi lesquels le roman Les Frères Karamazov (1880) du russe Fiodor Dostoïevski.

Par Vincy Thomas,
avec AFP Créé le 14.11.2018 à 18h00

Les autorités du Koweït ont censuré un millier d'ouvrages, dont un classique du grand écrivain russe Fiodor Dostoïevski, lors d'un festival littéraire qui a débuté mercredi dans ce pays du Golfe, selon les organisateurs.
 
Saad al-Anzi, à la tête du Festival international de littérature du Koweït, a indiqué à l'AFP que le ministère de l'Information avait interdit 948 livres, parmi lesquels le roman Les Frères Karamazov (1880) de Dostoïevski. Le dernier roman de l'écrivain questionne la moralité, le libre arbitre et l'existence de Dieu et confrontent différents points de vues et doutes notamment sur la foi.
 
Avec cette censure, Dostoïevski rejoint une liste grandissante d'écrivains censurés dans ce pays arabe du Golfe qui passe pour modéré, mais qui connaît une tendance conservatrice croissante dans la sphère politique et la société.
 
Ces cinq dernières années, plus de 4000 livres ont été interdits par le ministère de l'Information, dont le célèbre roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris (1831) et Cent ans de solitude (1967) du Colombien Gabriel Garcia Marquez.
 
Tous les ouvrages exposés à la 43e édition du festival, qui se poursuit jusqu'au 24 novembre, ont été préalablement examinés par une commission de censure, comme prévu par la législation du pays. Cette commission, qui relève du ministère de l'Information, travaille en vertu de la loi de 2006 sur "la presse et les publications" qui prévoit des sanctions à l'encontre des éditeurs de littérature et de presse. Cette loi réprime toute insulte à l'islam ou à la justice, toute menace à la sécurité nationale, toute "incitation au désordre" et tout acte "immoral".
 
En septembre, des militants ont protesté à deux reprises dans les rues de la capitale contre cette censure grandissante. Imane Jahwar Hayat, membre du Mouvement libéral, estimait alors que "les raisons invoquées pour interdire un livre sont souvent illogiques". Son collègue dans l’opposition Ahmed al-Deine du Mouvement progressiste, affirmait de son côté qu' "Atteindre à la religion ou déstabiliser l'économie peuvent être interprétés de différentes manières et il y a une différence entre la pornographie et le fait de parler de sexe."

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