L'odeur de sainteté est cette senteur embaumant miraculeusement l'individu d'une piété exceptionnelle qui vient de trépasser. Après une enquête sur des guérisons et autres miracles dus à l'intercession de ce chrétien exemplaire, l'Eglise catholique peut décider de le déclarer saint. Mais comme le rappelait en 1989 le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, futur pape Benoît XVI, il y a "beaucoup plus de saints que ceux qui peuvent être canonisés par l'Eglise". Point besoin de sentir le lys pour être sainte ou saint, les fidèles ne se privant d'ailleurs pas de vénérer tel ou tel avant le feu vert du Vatican. Ces personnages nimbés de la gloire divine ont été le sujet constant de l'art. Ils sont reconnaissables par le halo de lumière auréolant leur tête et par les attributs de leur martyre - la roue de sainte Catherine, le gril de saint Laurent, les flèches de saint Sébastien... - ou de leur action - saint Georges terrassant le dragon, saint Martin partageant son manteau, sainte Véronique essuyant le visage de Jésus sur son chemin de croix...
Par ce beau livre, Jacques Duquesne signe une grammaire des images pieuses. C'est également une histoire du fait religieux chrétien que l'auteur de Maria Vandamme (Grasset, prix Interallié 1983). Martyrs, docteurs de l'Eglise, rois pieux, fondateurs d'ordre monastique, c'est un véritable >Who's who des saints. Il rappelle, pour qui aurait oublié son catéchisme, qui est par exemple Marie-Madeleine : celle à qui le Christ se montra en premier après la Résurrection. A ne pas confondre, comme le fait la tradition populaire, avec la pécheresse qui baigna de larmes les pieds de Jésus et les essuya de sa longue chevelure. Le tout étayé par une iconographie : saint Thomas incrédule, triturant la plaie du Christ, par le Caravage, ou la sainte Agathe de Sebastiano del Piombo, à qui on arrache les seins.
