Le jury du 13e prix littéraire Le Monde a couronné, mercredi 3 septembre, l’écrivain français Laurent Mauvignier pour son roman La maison vide, paru aux éditions de Minuit. La proclamation du lauréat, qui succède ainsi à Maryline Desbiolles, intervient quelques heures à peine après sa nomination dans la première sélection du prix Goncourt. La remise du prix s'est tenue au Campus des Cordeliers, dans le VIe arrondissement de Paris.
« La maison vide est le grand œuvre de Laurent Mauvignier, qui porte tous les thèmes de l'écrivain : la violence des passions, de la guerre - la Première Guerre mondiale, la Deuxième, la guerre d'Algérie -, qui aura défait chaque génération d'hommes jusqu'à son père », écrivait fin août Sean Rose, critique de Livres Hebdo. Un peu comme Tiphaine Samoyault, feuilletoniste du Monde, qui saluait, de son côté, un « métaroman » à l’écriture « dense et lente » mais « jamais surplombante ».
Un récit familial conjugué au féminin
Car en dépit des imposantes 750 pages qui composent le nouvel ouvrage de Laurent Mauvignier, c’est une palpitante fresque familiale qui se dessine, retraçant sous le regard captivé du lecteur le destin de trois générations de femmes qui survivent à la grande Histoire, comme à la leur. L’occasion aussi, pour l’auteur, de ranimer le souvenir de l’enfance, ce refuge-ami déjà convoqué dans son œuvre précédente, Histoires de la nuit (Minuit), malgré l’ombre laissée par la disparition de son père en 1976, lorsque Laurent Mauvignier n’avait pas encore dix ans.
Né en 1967, dans une famille ouvrière installée en Touraine, Laurent Mauvignier intègre l’École des Beaux-Arts de Tours à 17 ans et obtient son diplôme en arts plastiques en 1991. Huit ans plus tard, il publie son premier roman, Loin d’eux (Minuit), distingué du prix Fénéon l’année suivante. Son deuxième roman, Apprendre à finir, obtient quant à lui le prix Wepler, le prix du Livre Inter ainsi que le prix du deuxième roman.
Des arts et des lettres
En 2006, son écriture du drame du Heysel survenu en Belgique en 1985, Dans la foule, reçoit, là aussi, un accueil chaleureux, salué pour son rythme haletant. Il obtient le prix du roman Fnac. Trois ans plus tard, Laurent Mauvignier continue de surprendre la critique avec Des hommes, qui étale la mémoire meurtrie du narrateur au souvenir des atrocités de la guerre d’Algérie. En 2020, l’ouvrage est porté au grand écran par le réalisateur Lucas Belvaux.
Mais ce titre n’est pas le seul à s’inviter dans d’autres arts. En 2015, Laurent Mauvignier s’essaye au théâtre avec la pièce Retour à Berratham, écrite pour le chorégraphe et directeur du Pavillon Noir, Angelin Preljocaj. Jouée lors du festival d’Avignon, la pièce reçoit également en 2016 le prix Emile-Augier, remis par l’Académie française.
Plus récemment, ses ouvrages Autour du monde (2014), Continuer (2016) et Histoires de la nuit (2020), tous publiés chez Minuit, son éditeur historique, ont respectivement été couronnés des prix Amerigo-Vespucci, prix Culture et bibliothèques pour tous ainsi que du prix Répliques. Couronné du Grand prix de littérature de la SGDL en 2015 pour l’ensemble de son œuvre, il a également été nommé, deux ans plus tard, officier de l’ordre des Arts et des Lettres.
Créé en 2013, le prix littéraire Le Monde récompense des œuvres littéraires portant une vision riche et nuancée du monde.