Le prix Interallié 2015, dernier grand prix littéraire de la saison, a été décerné, jeudi 12 novembre, à Laurent Binet pour son roman
La Septième fonction du langage, publié chez Grasset. Il a été élu au second tour par 6 voix. Pour ce roman sur Roland Barthes, Laurent Binet avait déjà été récompensé par le prix du roman Fnac le 1er septembre dernier. Membre du jury cette année en tant que lauréat de l'année dernière, Mathias Menegoz s'est félicité de voir primé "
un vrai roman, loin de l'autofiction". "
Il égratigne toute une génération d'intellectuels, et ça fait du bien !", a-t-il commenté.
Prenant comme point de départ la mort de Roland Barthes, renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980, Laurent Binet imagine qu'il ne s'agit pas d'un accident. Roland Barthes aurait été assassiné alors qu'il transportait un document sur la septième fonction du langage, une fonction permettant de convaincre n'importe qui de n'importe quoi. Dans les milieux intellectuels et politiques de l’époque, tout le monde devient alors suspect… Laurent Binet est récompensé ce jeudi 12 novembre, 100 ans jour pour jour après la naissance de Roland Barthes, ce qu'il n'a pas manqué de souligner, y voyant "
un joli signe". Interrogé sur l'héritage laissé par l'intellectuel, Laurent Binet a expliqué que Barthes avait
"appliqué l'analyse structuraliste à la vie de tous les jours".
"Aujourd'hui, tout le monde y va de son analyse à la Barthes, à travers Facebook ou en faisant des selfies".
Editrice de Laurent Binet chez Grasset, Martine Boutang, également présente chez Lasserre, s'est elle aussi déclarée très heureuse de voir le livre sacré par l'Interallié :
"C’est une autre forme de consécration que le prix Fnac, qui est un prix de lecteurs. Je crois que les deux se complètent."La Septième fonction du langage est le deuxième roman de Laurent Binet après
HHhH (Grasset), récompensé par le Goncourt du premier roman en 2010. Le roman avait rencontré un grand succès en France (220 000 exemplaires écoulés) comme à l'étranger (100 000 en Grande-Bretagne, 75 000 en Espagne et 40 000 aux États-Unis).
Le jury du prix Interallié, présidé par Philippe Tesson, se compose de Stéphane Denis, Jacques Duquesne, Claude Imbert, Serge Lentz, Éric Neuhoff, Christophe Ono-dit-Biot, Jean-Marie Rouart et Florian Zeller. Mathias Menegoz,
lauréat de l'Interallié 2014 avec
Karpathia (P.O.L), fait aussi partie cette année du jury.