"Il y a deux Atlantic City. La ville qu’on montre avec les casinos, le nouveau Hard Rock Cafe, Miss America - et celle qu’on veut pas voir, celle qu’on veut cacher…" C’est celle-là que Joy Raffin entend montrer. Elle opte pour une unité de lieu et de temps, en déroulant les événements un jour de septembre 2017. Alors qu’un ouragan risque de ravager la ville, comment ses habitants affrontent-ils leurs tempêtes intérieures?
La jeune Paige est empêtrée dans son envie de s’en sortir à tout prix. Clarence, le clochard, partage son regard sarcastique sur la vie et la ville. "Quand on me voit, on imagine plus rien." Encore faut-il se donner la peine de regarder cet homme désabusé, dont le fils inonde les ondes radiophoniques. Un métier que l’auteure connaît bien, puisqu’elle officie sur France Inter ("L’œil du tigre").
Cette jeune Française donne l’impression d’avoir vécu des années à Atlantic City, tant elle EN saisit l’esprit et la mentalité ambiante à travers de multiples personnages. Ses rues figurent dans la première version du Monopoly, si ce n’est que désormais c’est plutôt la case misère, désillusion et corruption, qui prime. Un indice révélateur: "Trump y a implanté son premier casino." Depuis, il a gagné au loto présidentiel.
Il y a un tel fossé entre les apparences et les âmes à sauver. Seul l’incroyable Dr Stanley s’y adonne entièrement. Ce premier roman rafraîchissant devrait plaire aux grands et aux jeunes adultes. "Atlantic City est une ville qui n’abdique jamais. C’est une ville de renaissance, une ville d’espoir…" A nous de ne pas le perdre. Kerenn Elkaïm
