Graphisme

La Française Chloé Alméras succède à l’Italien Daniele Castellano qui a inauguré la formule en 2017. Elle a été choisie par les organisateurs de la Foire du livre de jeunesse de Bologne pour incarner l’identité visuelle de la 55e édition. Tous les documents de la Foire, qui se déroulera du 26 au 29 mars 2018, seront animés par les plantes, les maisons ou les bateaux tout en délicatesse imaginés par cette jeune illustratrice de 22 ans, qui n’a pas encore réalisé d’album.

Avec l’innocence de la jeunesse, elle dit "ne pas s’être rendu compte de ce qui lui arrivait" quand elle a reçu l’invitation de Chialab, le studio de graphistes qui pilote le projet à la demande d’Elena Pasoli, directrice de la Foire du livre de jeunesse de Bologne. Elle est allée au rendez-vous "décontractée" sans réaliser qu’elle participait à une sélection. "J’étais heureuse en sortant d’avoir fait une belle rencontre et j’avais envie de travailler avec ces gens d’une grande sensibilité. Je n’en revenais pas quand j’ai reçu le mail m’annonçant que j’avais été choisie", raconte-t-elle.

Gouache et feutre

Chialab l’a sélectionnée avec quatre autres illustrateurs parmi les 75 artistes de 26 pays exposés dans la célèbre exposition des illustrateurs 2017. Ils ont tous été reçus et le choix s’est porté sur Chloé Alméras, diplômée de l’Ecole Estienne et du FCIL Corvisart, où enseigne Laurent Corvaisier, "parce que son univers se décline facilement et subtilement sans se répéter", déclare Elena Pasoli. "Après les chimères de Daniele Castellano, nous cherchions pour l’édition 2018 des architectures bâtissant un monde, des paysages habités, des systèmes planétaires, des ambiances vivantes et déclinables. Nous nous sommes arrêtés sur les illustrations de Chloé […], ses bleus, et surtout sur les détails : tout cela nous a fait entrevoir une façon de raconter la Foire", commente Beppe Chia, fondateur du Chialab.

Chloé Alméras a conçu son univers au cours d’un "workshop" de cinq jours à Bologne. La difficulté était de concevoir une illustration qui puisse se décliner sur des formats extrêmement variés comme l’image en longueur habillant le site, le dépliant de Francfort, des cartes postales, les tickets d’entrée ou même un poster… "C’était enrichissant et galvanisant. Les membres de Chialab m’ont poussée dans des directions où je ne serais pas allée. L’écoute et la confiance qu’on se porte mutuellement permet d’avancer", s’enthousiasme-t-elle. Alors qu’elle pensait "faire des images qui allaient s’insérer dans un cadre", l’équipe lui a proposé de bâtir une sorte d’alphabet utilisable en fonction du format souhaité. "Je voulais être déstabilisée et voir de quoi j’étais capable, si je pouvais aller au bout des choses. Etonnamment, les briques que j’ai dessinées ont construit une image", ajoute-t-elle.

Le résultat ? Chloé Alméras sort de son chapeau - au sens littéral du terme - des plantes dont les branches se chargent de navires, de maisons, d’oiseaux, d’étoiles ou de galets en fonction des cinq pôles de la manifestation (centre des traducteurs, exposition des illustrateurs, BolognaRagazzi, etc.), tirées par de petits personnages au trait noir. L’illustratrice utilise la gouache et un feutre noir extrêmement fin - un crayon Muji 0,25 - qu’elle a été obligée de troquer pour un 0,5 parce que "l’illustration s’efface à l’agrandissement". "Je me demandais si les personnages allaient rester élégants car quand on change d’outil, la position de la main se modifie. J’ai dû les refaire." Elle s’est aussi rangée aux idées des graphistes pour travailler certaines images à l’ordinateur : "La gouache a un rendu très mat et le calque ou l’ordinateur ne donnent pas la même finesse de trait. J’étais étonnée, mais j’ai trouvé ça intéressant car l’ordinateur apporte une transparence", poursuit-elle, reconnaissante de ce "processus qui exige qu’on fasse confiance et qu’on se détache de son travail pour accepter les propositions".

Avec "ses traits subtils à la limite de l’impression, ses espaces blancs et vides, ses détails microscopiques, Chloé nous a suggéré l’idée d’un monde fertile où les histoires se cachent, se divisent et se multiplient à l’infini. C’est ainsi qu’est né le thème de cette édition : "une terre fertile pour le développement de l’enfant"", conclut Beppe Chia.

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