C'est sans doute le personnage le plus romanesque de l'Affaire Dreyfus, l'homme qui incarne toutes les ambiguïtés de l'âme humaine, le héros malgré lui et qui le devient parce qu'il ne peut faire autrement au regard de sa conscience. Antisémite, le colonel Picquart devient l'emblème des dreyfusards, un emblème d'autant plus fort pour Clemenceau et Reinach qu'il n'était pas juif et qu'il appartenait à l'armée. En sa personne se rassemblait donc la possibilité d'une rédemption républicaine autour d'une victime qui avait passé quatre ans sur l'île du Diable. Sauf que... Avec de nombreux documents dont des lettres inédites, Philippe Oriol (université de Paris-III - Sorbonne) revient sur cette histoire que l'on croit connaître et qui s'avère comme toutes les histoires un peu plus compliquées que ce que l'on en sait. À travers les pièces d'un dossier fleuve il entre au plus près, presque au niveau de l'intime, de cet homme qui fut aussi une victime, mais une victime de son honnêteté qui l'obligea, certes un peu tard, à s'engager dans la défense d'un innocent qu'il n'estimait pas. Loin de tout manichéisme, cet historien qui connaît comme personne le sujet révèle dans ce livre aussi bref qu'intense l'affaire dans l'Affaire.
Le faux ami du capitaine Dreyfus : Picquart, l'affaire et ses mythes
Grasset
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 19 euros ; 248 p.
ISBN: 9782246860044