Le beau-livre a un immense avantage sur les autres. Il est visible, en long, en large et en carré. Il peut trôner en majesté sur la table basse du salon au moins un an entre deux Noëls, et on veillera à ne jamais en corner les pages et encore moins à y renverser son café. Tout le contraire du livre de poche. C’est une sorte de sculpture qui a valeur de manifeste : il est censé montrer à tous les aspirations esthétiques ou spirituelles de son propriétaire plus que ses goûts littéraires.
Le palmarès des meilleures ventes de beaux-livres nous renseigne donc sur lesdites aspirations. En tête, voilà Thomas Pesquet avec La Terre entre nos mains (Flammarion). Après 200 jours (ou plutôt nuits) dans l’espace, notre sympathique astronaute est revenu sur le plancher des vaches avec 300 photos de notre globe, "graphiques, poétiques, émerveillées, inquiètes", comme le souligne Télérama. Des images destinées à susciter le rêve et la réflexion -c’est une excellente recette éditoriale- comme celles qui ont naguère fait le succès de Yann Arthus-Bertrand et son La Terre vue du ciel.
Mais une fois passé l’instant de méditation sur notre petitesse face aux mystère cosmiques, nous songeons immédiatement qu’il est l’heure de déjeuner avec On va déguster la France, de François-Régis Gaudry & ses amis (Marabout). Le fameux critique gastronomique de France-Inter nous y explique ce qu’est un gigot bitume, comment faire une pâtisserie tourbillon et quels légumes mettre dans un potage Choisy. C’est terre-à-terre et c’est bon. Quoi de mieux pour nous caler l’estomac après un périple interstellaire ?