3 MAI - ROMAN France

Jacques-Pierre Amette- Photo JOHNFOLEY

Paul se rend à Rome en juin 2004. Journaliste, le héros du court et vibrant roman de Jacques-Pierre Amette a fait le voyage, accompagné de Constance. Ils sont ensemble depuis huit ans, et pourtant il sait si peu d'elle. D'une Constance avec sa beauté retenue et si discrète, des seins admirables, un petit ventre, des cheveux noirs, abondants et épais qu'elle coiffe souvent en un chignon. Une Constance qui n'aime pas parler d'une enfance en province qu'on sent encore douloureuse et qui a toujours refusé de lui faire rencontrer sa mère et sa soeur.

L'hôtel Petracarca, où ils logent, est dans son jus ; leur chambre haute de plafond et équipée de lits jumeaux. Lui est fatigué, elle manifeste "une gaieté virevoltante". Ils s'adonnent au tourisme, au shopping. A des étreintes sensuelles. Un peu moins d'un an plus tard, Paul doit retourner à Rome pour y écrire cette fois un papier d'atmosphère. Au moment où Jean-Paul II semble bien affaibli et susceptible de disparaître d'un moment à l'autre. Le journaliste a mission de rendre compte de l'agonie et de la mort du pape polonais, de noter les réactions du peuple romain.

Constance ne tarde pas à le rejoindre sur place. Dans le pétillement de la ville, elle confie sa peur de vieillir à un homme bien conscient d'avoir désormais des cheveux blancs. Paul se laisse aller à ses rêveries, observe les passants, les femmes qu'il croise dans les rues ou les cafés. Il ne lui échappe pas que sa compagne est ailleurs, nettement plus distante qu'avant. Oui, elle ne le cache pas, elle a rencontré quelqu'un d'autre : un type qui lui parle avec gentillesse et s'occupe bien d'elle...

Prix Goncourt 2003 pour La maîtresse de Brecht (Albin Michel, repris en Livre de poche), Jacques-Pierre Amette a toujours eu l'art de distiller la mélancolie. Musicale et flottante, sa Liaison romaine est à la fois une promenade et une dérive. Un roman d'ambiance élégant et triste comme une histoire qui s'achève.

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