"C’est presque au-delà de mes espérances puisque je pensais que cette initiative passerait au moins devant la commission de l’économie et des redevances avant d’être abandonnée", se réjouit Pascal Vandenberghe. Fortement opposé à l’action des deux députés, le dirigeant des libraires Payot avait entrepris un travail de lobbying en publiant en juin dernier un court texte exposant ses arguments contre une réglementation du prix du livre. L’essai, publié aux éditions de l’Aire, avait été envoyé à la trentaine de députés signataires de l’initiative.
"Bonne nouvelle pour la profession"
Pour étayer sa position, Pascal Vandenberghe s’appuyait notamment sur l’appréciation du franc suisse depuis la disparition du taux plancher de conversion il y a dix ans. "Tant qu’il sera aussi fort face à l’euro, il est inconcevable d’imaginer un système de réglementation qui renchérirait automatiquement le prix du livre en Suisse et desservirait totalement les librairies ", répète le libraire.
Heureux de cette victoire personnelle, mais surtout de "cette bonne nouvelle pour la profession", le dirigeant de Payot espère désormais que "les acteurs du livre vont s’unir pour porter des propositions qui soient vraiment utiles à la filière et que des parlementaires sont prêts à soutenir". A titre d’exemple, il proposait à la fin de son essai de réfléchir sur les frais de port, à un classement du livre en bien essentiel ou à un label pour les "vraies librairies".
Lancé fin octobre, un projet porté par l’interprofession, en particulier l'association Livresuisse, répond à cette même volonté. Système de bons d’achats payables en ligne et financés en partie par des cantons, des villes et des fondations, le LIBER permet d’acquérir des livres dans plus de 400 librairies suisses. Les sommes récoltées grâce à cette opération devraient générer des fonds pour soutenir les autrices et les auteurs, les maisons d’édition et les libraires suisses.