Pourquoi avoir ouvert une librairie grands caractères ?
Il y a un besoin et un manque considérable à combler. Le public concerné par les livres en grands caractères est contraint de commander en ligne ou dans des bibliothèques, avec une offre réduite. Ils n’ont pas le plaisir de venir et de flâner librement dans une librairie.
L’idée d’ouvrir ce lieu, je l'avais en tête depuis longtemps comme un rêve éveillé. Nous avons voulu nous lancer avant le printemps, mais la crise du Covid-19 nous a retardé.
De quoi se compose le fonds de la librairie ?
Nous proposons 600 titres principalement issus de nos deux maisons d'éditions dans différentes catégories : littérature de terroirs, française, étrangère, des romans noirs ou encore des documents. Il y a également quelques livres jeunesse pour les 13-15 ans.
Notre public vise beaucoup de personnes âgées, mais il n’y a pas qu’eux parmi les personnes malvoyantes. Pour ce public, on propose souvent des livres de terroirs ou des romances, mais si ma vue doit baisser un jour et que je n’ai que ça à lire, je deviendrais dingue. Il faut élargir l’offre !
C’est pour cela qu’il y a des ouvrages comme Vernon Subutex de Virginie Despentes. Parmi les nouveautés, nous proposons déjà les prix littéraires comme Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal. On ne fait pas des choix éditoriaux pour les malvoyants, mais une sélection tout court.
Quelles sont les caractéristiques des ouvrages que vous proposez ?
Nous avons des livres en taille 16 ou en taille 20. Nous avons des règles de mise en page rigoureuses et contraignantes mais essentielles à la qualité de nos livres. Si l’ouvrage est trop lourd, cela peut devenir difficile à porter pour une personne âgée. On peut décider par exemple de diviser une œuvre en deux volumes, même si cela se vend moins bien, pour que ce soit plus lisible.
Nous avons fait tester nos livres par 140 malvoyants pour améliorer le plus possible le confort de lecture. Utilisée chez Voir de près depuis septembre, une nouvelle police d'écriture, la police Luciole, sera aussi disponible pour l'office de janvier. Il s'agit de la spécialisation dans la spécialisation. Nous vendons également des loupes à ceux qui le veulent. Nous ne sommes pas des opticiens, mais l’idée est de montrer que des solutions existent. On ne se rend pas compte du désarroi de ce public de lecteurs.