"Il y a des personnalités pour lesquelles il n'y a pas de mots pour décrire ce qu'elles ont été et ce qu'elles signifient pour nous tous. Agustina Bessa-Luis en fait partie", a réagi le président de la République du Portugal Marcelo Rebelo de Sousa dans un communiqué. "En tant que créatrice et citoyenne", la lauréate du Prix Camoes 2004, la plus haute récompense littéraire en langue portugaise, appartient au "Portugal éternel" dont elle a peint les transformations "avec la rigueur insurmontable de son écriture", a souligné le chef de l'Etat.
Née le 15 octobre 1922 près d'Amarante au nord du Portugal, Agustina Bessa-Luis s'est établie à Porto en 1950. Elle a publié une quarantaine de romans dont celui qui lui apporta la reconnaissance critique et publique, La Sybille, en 1954 (et trente ans plus tard en France chez Gallimard). Le roman, remarqué pour son ironie, sa justesse et l'esprit de lutte, a notamment reçu le prix Eça de Queiroz.
Métailié a publié une partie de son œuvre en français: La cour du nord (1991, épuisé), Le confortable désespoir des femmes (1994, épuisé), Les terres du risque (1996, épuisé), Party: garden-party des Açores (1996), Un chien qui rêve (2000), Le principe de l'incertitude (2002, épuisé), L'âme des riches (2005) et La ronde de nuit (2008).
Adaptée par Oliveira
Son œuvre compte également plusieurs livres pour la jeunesse, biographies, pièces de théâtre et recueils de mémoires ou de chroniques de presse. Elle avait aussi assuré la direction du théâtre national D. Maria II à Lisbonne, et intégrée en tant que membre l'Académie européenne des sciences, des arts et des lettres, l'Académie brésilienne des lettres et l'Académie des sciences de Lisbonne. Officier de l'Ordre des Arts et des lettres en France, son œuvre a été traduite dans le monde entier.
Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma par le réalisateur portugais Manoel de Oliveira (Francisca d'après le roman Fanny Owen, paru chez Actes sud en 1987, Val Abraham, Le Couvent d'après La terre du risque, Inquiétude, Le principe de l'incertitude et Le Miroir magique, d'après L'âme des riches).
Deux essais sur l'écrivaine ont également été publiés: La vision du monde sexuée chez Agustina Bessa-Luis par Maria do Céu Alves (L'harmattan, 2017) et Audaces et défigurations: lectures de la romancière portugaise Agustina Bessa-Luis (Presses Sorbonne nouvelle)