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La Différence, c’est fini. La maison fondée en 1976 par le Portugais Joachim Vital, Marcel Paquet, Patrick Waldberg et Colette Lambrichs, qui en était encore directrice générale, a été placée en liquidation judiciaire le 20 juin 2017 par le Tribunal de commerce, annonce Colette Lambrichs dans une lettre envoyée aux auteurs, traducteurs et partenaires de la maison, également diffusée sur Facebook.

"Le tribunal n’a pas accédé à la demande de redressement sollicitée par Claude Mineraud, le président de la société, qui n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour assurer la pérennité de la maison", écrit Colette Lambrichs dans sa lettre. Si La Différence a vécu de nombreuses difficultés financières, "avec des hauts et des bas", elle ne pouvait plus payer les salaires, les charges, les loyers. Elle n’a pas survécu à "une année de campagne électorale qui lui a été fatale" et à des retours trop importants, dont le taux "jamais vu" varie entre 60 et 70%. 

"Nous attendions une aide pour alléger les charges, permettre des licenciements économiques et fonctionner avec un nombre restreint de salariés", explique Colette Lambrichs, interrogée par Livres Hebdo. L’équipe de 7 personnes y croyait et avait présenté sa rentrée aux libraires lors de la soirée du 12 juin organisée par Interforum, son diffuseur. Elle se désole de ne pas voir sortir la nouvelle traduction par Marie-Hélène Piwnik du Livro do Desassossego, de Fernando Pessoa.   

"C’est violent", nous a déclaré Colette Lambrichs, qui a le sentiment "d’une injustice et d’un grand gâchis", reconnaissant toutefois avoir "sûrement fait des erreurs" et se remettant en question: "Le monde change et nous ne publions pas ce que la nouvelle génération attend", admet-elle.  

Reprise en 2012 par le mécène Claude Mineraud, venu du secteur de l’assurance, La Différence possède un catalogue de 2000 titres et prévoyait une dizaine de nouveautés et de nouvelles éditions d’ici décembre. La maison avait relancé la collection de poésie bilingue "Orphée" qui avait fait sa renommée, mais "les mises en place ont été ridicules".

Les vers de Joachim Vital, son compagnon et poète, concluent la lettre de Colette Lambrichs:
"Les années de bonheur, les journées
sans remords, on vous les a offertes,
ô Grands démolisseurs

Lourde a été la dîme,
parfaite votre œuvre:
irréparable.
(Irrepérable, la piste des décombres.)"

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