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La belle année d’Humensis

Sylvie Marcé, directrice générale d’Humensis, et Frédéric Mériot, directeur général adjoint. - Photo Photo Olivier Dion

La belle année d’Humensis

Chiffre d’affaires et effectifs en hausse, résultats excellents, succès éditoriaux, locaux flambant neufs, actionnaire avisé. Pour la directrice générale de la société créée il y a un an, Sylvie Marcé, et son adjoint Frédéric Mériot, le premier bilan de la fusion de Belin et des Puf est déjà exemplaire.

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Par Hervé Hugueny,
Créé le 15.09.2017 à 12h34

Pour Belin, la réforme du collège était le très gros défi de 2016, parfaitement relevé avec 1,2 million de manuels vendus au total", se félicite Sylvie Marcé. "Les Puf ont terminé l’année avec un résultat positif, le premier depuis sept ans", enchaîne Frédéric Mériot. L’ancienne directrice générale de Belin et son homologue des Presses universitaires de France sont aujourd’hui réunis à la tête d’Humensis, respectivement en tant que directrice générale et directeur général adjoint de la société, née de la fusion des deux maisons. Le tout premier bilan d’Humensis établit un record par rapport aux performances antérieures : 45,6 millions d’euros de chiffre d’affaires, 4 millions d’euros de bénéfice net, ce qui hisse la société au 16e rang du classement Livres Hebdo des 200 premiers éditeurs français. Son actionnaire, le groupe de réassurance Scor, avait su déceler le potentiel des deux maisons lorsqu’il les avait reprises en 2014, alors qu’elles traversaient une période difficile et que leurs salariés étaient soumis à rude épreuve.

Cet excellent résultat est le fruit des efforts des deux équipes, encore séparées l’an dernier mais prêtes au bon moment pour tirer le meilleur de circonstances favorables. Aux Puf, le redressement est "dû au dynamisme commercial porté notamment par le livre de Jean Tirole et la refonte de la collection "Que-sais-je ?" en progression de 10 % à 220 000 exemplaires, et à des économies de fonctionnement réalisées sur tous les postes depuis trois ans", souligne Frédéric Mériot. Le spécialiste de l’édition universitaire en sciences humaines s’est écarté de ce marché difficile avec le premier essai grand public du Français couronné du prix Nobel d’économie en 2014 : Economie du bien commun s’est vendu à 70 000 exemplaires selon GFK, surclassant largement celui de son successeur britannique de 2015, Angus Deaton, traduit et publié aussi aux Puf (2 600 exemplaires).

Vente de bureaux

Quant à Belin, spécialiste du scolaire qui a réalisé environ 80 % du chiffre d’affaires d’Humensis, il s’est hissé au 2e rang des éditeurs de son secteur, revendique Sylvie Marcé, très disputé et dominé par Editis (avec ses marques Nathan, Bordas et Retz) et Hachette (avec Hachette Education, Didier, Hatier et Foucher). La vente de bureaux qui appartenaient à Belin a donné un coup de pouce supplémentaire, rapportant 4,2 millions d’euros qui ont permis de financer confortablement 1,9 million d’euros de frais exceptionnels liés à la fusion et au déménagement des équipes, au 170 bis, boulevard du Montparnasse (Paris 14e).

A rebours de fusions parfois douloureuses car suivies de réductions d’effectif appliquées par les nouveaux actionnaires, celle de Belin et des Puf apparaît exemplaire. Humensis embauche, les deux équipes sont installées dans un immeuble totalement rénové et fonctionnel appartenant à leur actionnaire, décidé à investir et à soutenir sa filiale. Scor n’a ainsi prélevé aucun dividende, et laissé la totalité du bénéfice en fonds propres. 2017 sera encore favorable : le pôle Education va profiter de la seconde année de renouvellement complet des manuels au collège, et les éditions de l’Observatoire, pôle de littérature générale tout juste lancé en janvier sous la direction de Muriel Beyer, ont d’emblée placé quatre titres dans les palmarès des meilleures ventes Livres Hebdo/GFK. Lancés à 80 000 exemplaires la semaine dernière, les entretiens avec le pape réalisés par Dominique Wolton devraient aussi s’y installer.

"Les équipes des fonctions communes (fabrication, commercial, gestion) sont réunies sur les mêmes plateaux et travaillent ensemble, s’enrichissant de leurs compétences mutuelles : cette fusion n’est pas une simple juxtaposition", insiste Frédéric Mériot. Il reste à terminer l’installation du nouveau progiciel de gestion Qualiac, prévue pour la fin de l’année. UD Flammarion continue à distribuer la production des Puf, et Belin conserve sa distribution en direct, mais "c’est une réflexion en cours", indique Frédéric Mériot.

La nouvelle diffusion dirigée par Anne Bollé (ex-Puf), avec Laurence Campos (ex-Belin) à la direction des ventes, se mettra en place début 2018, répartie en deux équipes de 5 personnes : "L’une sera chargée des sciences humaines et des sciences, et l’autre portera le parascolaire, la jeunesse, le pratique, les secteurs nature et équitation, et le numérique dans les établissements scolaires. Une centaine de librairies seront visitées par ces deux équipes, et 250 par l’une ou l’autre en fonction de leurs spécificités. Le 2e niveau sera confié à un diffuseur externe, qui ne sera pas forcément Flammarion", explique le DGA.

Nurserie pour de jeunes maisons

Ces deux équipes représenteront environ 600 nouveautés annuelles, et 1 000 avec les éditeurs diffusés. "Nous avons de bonnes bases, nous sommes légitimes sur nos secteurs, et notre catalogue n’est pas pléthorique : nous avons de la place pour accueillir de nouveaux éditeurs en diffusion. Je serais très heureux d’être une nurserie pour de jeunes maisons", proclame le DGA.

"Nous sommes organisés en une confédération de marques, soutenues par une fédération de moyens partagés pour aider les éditeurs à produire le meilleur. Ce service "plug and play" rendu aux éditeurs fait partie de la mission d’Humensis, à l’appui de ses objectifs de croissance. Nous sommes en veille, et souvent en discussion", ajoute Sylvie Marcé à propos de l’intégration de nouvelles marques. Il reste encore de la place au siège flambant neuf, mais le développement ne sera pas limité à la surface disponible dans le bâtiment. La directrice générale anticipe une année 2018 plus faible en scolaire, et compte sur les plateformes numériques du pôle Education, prêtes à répondre à une demande qui paraît enfin décoller, mais de nouvelles entités seraient bienvenues pour soutenir l’activité après ce démarrage exceptionnel.

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