A l'issue des trois premiers jours de la Foire internationale du livre de Francfort, qui se déroulait du 6 au 10 octobre, son directeur, Jürgen Boos, a indiqué à Livres Hebdo se réjouir particulièrement du succès des nouvelles initiatives prises par la manifestation dans le domaine du numérique.
Francfort a beaucoup fait pour sensibiliser les professionnels au numérique mais, alors que celui-ci est désormais partie intégrante des négociations de droits entre les éditeurs internationaux qu'est ce que la foire peut encore apporter ?
Nous avons cette année sorti le numérique de son espace dédié pour créer des “hot spots” dans les halls réservés aux éditeurs, les “Frankfurt sparks” (les étincelles de Francfort), car les nouvelles technologies doivent être directement liées aux contenus. Les débats que nous y avons organisé ont rencontré un grand succès, particulièrement dans le Hall 8 où sont installés les Anglais et Américains.
Les modèles économiques du numérique sont très différents selon les pays, au Japon en Chine ou en Europe. Aussi Francfort reste un lieu où l'on peut apprendre des expériences des autres.
Comment réagissez vous à la diminution du nombre d'exposants cette année ?
Nous pensions il y a quelques semaines enregistrer une baisse mais, finalement, nous avons une centaine d'exposants en plus et une surface d'exposition équivalente à celle de l'an dernier. Des stands collectifs ont été confirmés à la dernière minute, notamment pour l'Europe de l'Est.
Au centre des droits, nous avons loué 404 tables, soit 2,8% de plus que l'an dernier. De plus nous assistons à la venue de nouveaux professionnels qui participent désormais du marché du livre, comme les compagnies de téléphonie ou les fabricants de matériels électroniques.
La foire est ouverte du mercredi au dimanche, mais les éditeurs arrivent de plus en plus tôt, et quittent souvent Francfort dès le vendredi. Pensez vous réaménager les jours d'ouverture de la foire en conséquence ?
C'est vrai que les négociations commencent dès le dimanche soir. Le hall de l'hôtel Frankfurter Hof ne désemplit pas lundi et mardi. Avec la fragmentation et la démultiplication des droits vendus pour un texte, les échanges professionnels nécessitent plus de temps et s'étendent du lundi au vendredi. Beaucoup de groupes éditoriaux profitent aussi de la foire pour organiser de grandes réunions internes.
Cependant, il serait trop coûteux pour les exposants que nous rajoutions deux jours de foire, et nous voulons par ailleurs conserver l'ouverture de la manifestation le week-end pour le grand public. Aussi, pour les professionnels, depuis trois ans, nous ouvrons le centre des agents dès le mardi.
En outre, nous multiplions en début de semaine les conférences telles que les TOC ou le séminaire des directeurs des droits, qui rencontrent un grand succès. Mais il n'est pas question d'ouvrir les halls dès le lundi.
L'Argentine était l'invitée de la foire cette année, quel bilan en tirez-vous ?
Je remarque surtout que cette invitation concorde avec une montée en puissance de l'intérêt pour la langue espagnole et pour les opportunités professionnelles qu'offrent des marchés comme ceux d'Amérique latine, en plein redémarrage.
Les éditeurs internationaux s'intéressent de plus en plus à la littérature sud-américaine. L'attribution jeudi du Nobel de littérature à Mario Vargas Llosa, auteur originaire du Pérou, est une preuve supplémentaire de cet engouement.
Nous avons d'ailleurs choisi à la foire de nous tourner de nouveau vers l'Amérique latine en 2013, en invitant le Brésil.