Justice

Jugement le 12 février pour “Vol au dessus d’un nid de fachos”

© Olivier Dion

Jugement le 12 février pour “Vol au dessus d’un nid de fachos”

L’audience de référé a permis d'entendre un portrait contrasté de Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen, qui demande la modification d’un livre dans lequel il s’estime injurié.

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Par Hervé Hugueny
Créé le 03.02.2014 à 18h22

Le bureau de la juge Magali Bouvier était un peu juste pour accueillir les parties et la presse assistant à l’audience du référé lancé par Frédéric Chatillon, proche de Marie Le Pen, qui s’estime injurié dans le livre de Frédéric Haziza, journaliste à La Chaîne parlementaire, à Radio J, et au Canard enchaîné, auteur de Vol au-dessus d'un nid de fachos : Dieudonné, Soral, Ayoub et les autres, publié chez Fayard le 15 janvier.
 
Me Roland Bonnefoy, avocat de Frédéric Chatillon, a tenté de résoudre le problème à sa manière en demandant le huis clos, ce qui aurait permis de faire sortir les journalistes. La juge a refusé, aucune des conditions nécessaires n’étant réunies.
 
Responsable de la société de communication Rewal, qui travaille notamment pour le Front national, Frédéric Chatillon demande la suppression de deux passages du livre dans lesquels il se voit qualifié de néonazi et de révisionniste, ce qui est injurieux. Il demande également l’insertion d’un encart.
 
Me Bonnefoy demande cette suppression en raison de la condamnation "à la mort sociale" et des "menaces pour sa sécurité personnelle" que représentent ces qualificatifs pour son client, qu’il présente comme "un chef d’entreprise de communication" et "père de famille nombreuse", ancien militant du syndicat étudiant d’extrême droite Groupe Union Défense (GUD).

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Il a soutenu qu'il s'agissait bien d'injures, une notion différente de la diffamation, au sujet de laquelle son client se réservait le droit d'ouvrir une action sur le fond.
 
Dans son abondante plaidoirie, Me Richard Malka, avocat de Frédéric Haziza et de Fayard, a rappelé que Frédéric Chatillon n’était pas un simple militant du GUD, mais son président de 1986 à 1995, et a souligné que l’action d’un journaliste "ne consiste pas à manier la barre de fer au milieu des croix celtiques" mais à utiliser "la parole : pourquoi ne devrait-on pas dire qu’un néonazi est néonazi, et qu’un négationniste est négationniste ?"
 
Il a ensuite produit diverses copies de photos et extraits de documents, notamment d’un livre publié sous la direction de Frédéric Chatillon, destiné aux militants d’extrême droite et intitulé Les Rats maudits. Histoire des étudiants nationalistes 1965-1995 (Éditions des Monts d'Arrée). "Frédéric Chatillon n’a jamais manifesté le moindre regret d’avoir présidé cette organisation", dont les réunions étaient fréquemment ponctuées de chants et de saluts nazis. Il a également travaillé pour l’ex librairie d’extrême droite Ogmios, qui diffusait de la littérature néonazie et révisionniste a insisté Me Malka.
 
L'avocat de Frédéric Haziza a également produit le témoignage d’un ancien militant du GUD, Denis Le Moal, détaillant l’évolution de cette organisation sous la direction de Frédéric Chatillon, et décrivant la célébration du jour anniversaire d’Adolf Hitler, ou la tenue de soirées pyjamas rayés, soulevant l’irritation son ancien président.

Après l'audience, celui-ci a déclaré à l'AFP qu'il déposerait plainte pour "faux témoignage", affirmant ne pas connaître cet homme qui a livré des "détails proprement hallucinants".
 
Le jugement sera rendu le 12 février prochain.
 

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