Pagaille au zoo. « La très catastrophique histoire du zoo », c'est le fil d'Ariane que déroule Joséphine dans un récit adressé à ses parents. Joséphine est une petite fille spéciale, au sein d'une « école spéciale » que l'on comprend pour enfants « dys », dotés d'une logique saugrenue et drolatique comme dans le film d'Artus Un p'tit truc en plus (des « Bizardos », disent les fâcheux).

Comme dans la chanson Tout va très bien, madame la marquise, cette histoire

rocambolesque rembobine un enchaînement de catastrophes advenues en quelques jours à la classe de Joséphine. Cela va d'une boule de pâte à modeler ayant obstrué les lavabos de l'école à l'attaque du directeur par un rhinocéros, en passant par un policier aux fesses nues et un spectacle sur les parties génitales. Le tout emprunte la forme du polar - chère à Joël Dicker depuis son deuxième roman, La vérité sur l'affaire Harry Quebert (Éditions de Fallois), Grand Prix du roman de l'Académie française et Goncourt des lycéens en 2012 - puisqu'un « club des six », composé de Joséphine, Artie l'hypocondriaque, Thomas le karatéka, Otto le fils de divorcés, Giovanni l'héritier et Yoshi le mutique, mène l'enquête.

Joël Dicker, qui a souhaité, avec ce huitième roman, écrire un livre qui pourrait être lu par ses lecteurs dans toute leur diversité, « de 7 à 120 ans », précise-t-il en postface, remplira-t-il sa mission ? On gage que oui tant le Suisse parvient à se renouveler avec un récit original à la trame riche et maîtrisée, qui embrasse le ton de l'enfance et se double, à la façon des contes moraux, d'une sagesse qui interroge notre époque tant sur le plan sociétal que civique.