Cyril Gramenk est un écrivain prolétaire. Marié, une fille, c’est sa femme Suzanne qui fait bouillir la marmite. Epatante, Suzanne, irréprochable épouse qui ne se mêle pas de ce qu’écrit son mari. Bien sûr, ils ne font plus beaucoup l’amour, au grand dam de Cyril. Mais il en faudra vraiment beaucoup pour qu’en 2008 elle demande le divorce.
Revenons en 1997 au moment où Gramenk a la chance, en la personne de Bernard Frossant, d’avoir un éditeur de qualité, qui a le pouvoir d’imposer des auteurs déficitaires. Frossant a publié de lui cinq romans, autant de bides. Mais un jour, il se voit remercié sèchement et remplacé par Ruppert, un gestionnaire. Il décide alors de créer sa propre maison, et souhaite y publier son auteur. Sauf que celui-ci doit encore à Ruppert plusieurs romans, en vertu du droit de suite. En panne d’inspiration, il décide de lui fourguer un manuscrit que lui avait envoyé un certain Alexandre Martin, l’un de ses rares admirateurs. Un truc navrant, une sordide histoire de pédophilie, Je fais n’importe quoi. Gramenk, qui n’a prévenu personne, est persuadé que le nanar sera refusé par Ruppert. Manque de chance, il adore, et publie. Nous voilà en 2006, et Je fais n’importe quoi devient un best-seller.
D’un côté, Gramenk est satisfait : le voici riche et célèbre. De l’autre, sa vie devient un enfer. Il reçoit des lettres anonymes, accompagnées de balles de pistolet, dont il demandera à un détective privé de retrouver l’auteur, persuadé qu’il s’agit de Martin venu se venger. Une certaine Elisabeth, avec qui il avait couché une fois, jaillit dans sa vie avec un petit Antoine, dont elle prétend qu’il est son fils. Pour que Suzanne ne sache rien, Cyril accepte la situation, se prend d’affection pour le gamin et finance toute la famille, dont Damien, le frère d’Elisabeth, un photographe qui se révélera paparazzi sans scrupule et maître chanteur. Tout va basculer lorsque paraîtront dans Paris-Match des photos de l’écrivain avec sa seconde "famille", nus. Du coup, un certain Boris Nitchenko prétend que c’est lui qui a violé sa fille Natacha, en 1997. Cyril devra encore subir bien des épreuves pour que soit démontrée son innocence en matière de mœurs, et sortir de son cauchemar en 2012, grâce à la littérature et à son fidèle éditeur.
Quatrième roman d’un moraliste, Maudit best-seller est un thriller littéraire made in France, délirant, haletant, pince-sans-rire, vivement écrit à la première personne : on espère que Marc Kryngiel en est bien l’auteur ! J.-C. P.
