On connaît le cinéaste. Ses films Il Divo, L'ami de la famille ou Les conséquences de l'amour. A la rentrée, Paolo Sorrentino sera doublement présent. Sur les écrans avec This Must be The Place, son dernier long-métrage présenté au Festival de Cannes, où Sean Penn affiche de faux airs de Robert Smith. Et en librairie avec un premier roman décoiffant, Ils ont tous raison, qui sort dans la collection "Les grandes traductions" d'Albin Michel.
Tony Pagoda, alias Tony P., a "quarante-quatre années bien chargées, bien féroces au compteur, mais inutile de les compter, elles se comptent bien toutes seules". Né à Naples, le héros de Sorrentino est un chanteur qui fume trop de Rothmans, boit beaucoup de gin et consomme "allègrement" de la cocaïne depuis vingt ans. Selon lui, "les gens en prennent pour se sentir quelqu'un d'autre, alors que ça ne sert qu'à une chose, te ramener constamment à toi-même". Le 29 décembre 1979, il s'est produit à New York, a rencontré Frank Sinatra avant de se faire voler sa bague "à treize briques" par des prostituées. Tony connaît l'importance de la parole et des adjectifs dans la séduction. Inconsolable du départ de son grand amour, Béatrice, une gymnaste professionnelle, il a ensuite épousé Maria. Laquelle est devenue "une paupiette farcie d'angoisse", veut divorcer et le trouve superficiel.
Monsieur, pour qui "la vie n'est qu'un fabuleux cassage de couilles", porte un manteau en poil de chameau et des mocassins. Il roule en Cadillac rouge décapotable, trouve que la boîte automatique est juste bonne pour "les Américains obèses, qui vont travailler en survête, rentrent à la maison en survête et restent en survête, évidemment, chez eux"...
Paolo Sorrentino pratique un cinéma saturé d'images. En littérature, il a choisi de ne pas être avare de mots, de digressions, d'éructations. Les chapitres ciselés d'Ils ont tous raison ressemblent à des plans. L'Italien prouve à chaque page qu'il a du souffle, de la verve.