Roman/Suisse 20 février Arno Camenisch

C'est à renfort de « Viva » ponctuant chaque « piccolo » offert par la Tante, la patronne de l'Helvezia, que les habitués de ce bar centenaire noient dans la bière et le schnaps le désarroi de sa fermeture prochaine. Dans un village alpin au bord du Rhin, au cœur du canton suisse des Grisons, au soir d'une ultime tournée, le Luis, l'Otto, l'Alexi « le friseur », la Silvia et tous ceux qui passent - chauffeur du car postal, tenancier de la « quicalleretille »... - se font les chroniqueurs de leur monde qui prend l'eau, en écho à la pluie menaçante qui a remplacé la neige de janvier. Ils ressuscitent les absents : le poète local mort dix-huit ans plus tôt, « le pfaff » (le curé) ou « la samaritaine » qui « te faisait des bandasch tipotop »Sur la scène de ce petit théâtre, on peut retrouver des personnages déjà croisés dans Derrière la gare (réédité par Quidam), deuxième volet après Ser Nez de cette « trilogie grisonne ». Originaire de ces vallées, le quadragénaire Arno Camenisch, lauréat du Prix suisse de littérature 2012 avec ce dernier acte, mélange avec délice les idiomes dont le romanche (plus exactement le sursilvan), pour saluer la langue savoureuse de cette communauté en voie de disparition. Un dernier piccolo ou bien ?  

Arno Camenisch
Ustrinkata
Quidam éditeur
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 13 euros ; 106 p.
ISBN: 9782374911335

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