Sobrement intitulé Goldorak, l'album est le résultat d'un Club des cinq : le scénario de Xavier Dorison, les dessins de Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et les couleurs de Yoann Guillo. Un quintet d’artistes réunis lors d’une conférence de presse, lundi 11 octobre, à la Maison de la culture du Japon à Paris. Tout à tour, ils racontent les coulisses de cette nouvelle bande dessinée qui sort en librairie le vendredi 15 octobre. Goldorak est tiré à 165000 exemplaires en version classique, et une version collector est proposée à 10000 exemplaires.
L’histoire est une suite de l’épisode final de la troisième saison, diffusée au Japon il y a 45 ans. La guerre entre les forces de Véga et Goldorak est un lointain souvenir. Actarus et sa sœur sont repartis sur Euphor tandis qu’Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale. Mais, des confins de l’espace, surgit le plus puissant des golgoths : l’Hydragon. Sous peine d’annihilation totale, tous les habitants du Japon ont sept jours pour quitter leur pays et laisser les envahisseurs coloniser l’archipel. Face à cet ultimatum, il ne reste qu’un dernier espoir... Goldorak.
Maintenir le secret
Croisé au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, Xavier Dorison fait tout de suite appel à Denis Bajram pour l’épauler dans ce projet. Ce dernier écrit alors à Alexis Sentenac. Les deux sont familiers "du spectacle de la science-fiction", mais pas forcément du monde du manga. C’est là qu’intervient Brice Cossu. A chaque fois les auteurs, passionnés de la série quand ils étaient enfants, sont sidérés par la proposition. Le quatuor est dans un premier temps complet. Denis Bajram s’occupe de la colorimétrie, mais il sent que dans l’atelier, Yoann Guillo maîtrise davantage le concept de "couleur narrative".
La création de la bande dessinée reste secrète. Aucune planche ne doit être dévoilée, même pour teaser le projet. "Nous ne voulions pas que les gens se projettent sur un visuel en noir et blanc", précise l’un des dessinateurs. Pour préserver le mystère, les auteurs échangent sur des serveurs dont l’un intitulé Euphor, du nom de la planète d’où est originaire le héros de la série. Un dossier est envoyé aux ayants-droits au Japon. "Storyboard", planches, scénario et une note d’intention à l’adresse de Go Nagai, signée Xavier Dorison.
Dans celle-ci, l’auteur résume les principaux points du nouveau projet : "sur le rythme, par exemple, je tenterai de respecter l’équilibre entre scènes 'intimes' et scènes 'd’action'. Sur les personnages, je garderai la 'noblesse' de la plupart des protagonistes. Et sur le ton général, je mettrai tout en œuvre pour m’approcher de celui de la fin de la série. Chaque épisode était une parabole intemporelle et universelle. Dans notre cas, je traiterai de la violence comme étant une conséquence de la peur. Pour l’illustrer, je raconterai une métaphore des problèmes d’immigration, où comment le refus de laisser une place à l’autre, crée autant de malaise chez celui qui refuse de partager que chez celui qui est rejeté."
Appréhension
Un accord de principe est donné par Go Nagai en 15 jours. Une rapidité assez rare dans le milieu. "Dans les approbations japonaises c’est souvent complexe, nous avons pleins de questions. Là ce ne fut pas le cas, ils étaient très séduits par ce que nous avons montré", explique l’éditrice Christel Hoolans.
S’attaquer à ce phénomène de la pop culture n’est pourtant pas évident. Denis Bajram confie notamment avoir eu "la trouille". Une sorte d’appréhension partagée par le reste des auteurs qui ont tous, à l’exception de Brice Cossu, grandi avec Goldorak. La question est comment faire pour retrouver "une alchimie unique qui fait tenir des choses qui normalement ne marchent pas", comme le décrit Xavier Dorison.
La réponse se trouve dans un important travail d’équipe. Chacun des auteurs a noté leurs désirs pour les personnages, l’histoire… Dorison réalise le scénario à partir de cela. Les dessins puis la couleur arrivent ensuite. Les choses ne sont pourtant pas immuables. Si l’un des cinq hommes n’est pas satisfait d’un point du projet, alors il faut le changer. De nombreux échanges sont réalisés jusqu’au point où tous sont "contents" du produit final. Les auteurs ont visé trois publics : les puristes de Goldorak, ceux qui ont grandi en même temps que la série, plusieurs fois diffusée, ainsi que les plus jeunes qui n'en ont jamais entendu parler.
Pour accompagner ce lancement, la Maison de la culture du Japon a ouvert une exposition dédiée à la série, "Goldorak - Xperienz : 1975 - 2021, Rétrospective", du 15 septembre au 30 octobre. En marge de l’exposition, une soirée événement aura lieu le 28 octobre au Grand Rex à Paris avec concert des musiques et des génériques avec les interprètes originaux, karaoké, projection d’épisodes et cosplay autour de Goldorak...