Il est à peine question de sa peinture, dans Hors classe. Pourtant elle incarne bien la personnalité de Gilles Sebhan. Ce sont surtout des portraits de jeunes hommes, la plupart arabes. Il est aussi peu question de sa judéité, largement évoquée dans La dette (Gallimard, 2006), roman sur son père, sépharade marocain rescapé d'Auschwitz, puis soldat pendant la guerre d'Algérie. Il est en revanche beaucoup question de son homosexualité, et de son métier de professeur de français dans un collège en ZEP, puis dans le lycée de banlieue où il a jadis été élève. Avec ses collègues, les rapports sont à peu près corrects. Avec ses élèves, complexes. Un mélange de séduction réciproque, de fascination pour ceux qu'il nomme les « cancres », d'ambiguïté et de jeu.
Sebhan est un pseudonyme, mais tout le monde finit par le découvrir et savoir que le prof est écrivain, et gay. Il en est ravi, il a tout fait pour, quitte à encourir, à cause certains de ses livres sulfureux (Haut risque, PARC, 2003), quelques ennuis. L'auteur excelle dans le sfumato, le flou artistique, le télescopage : son récit va et vient, sans dates, et les noms sont floutés, même celui de « l'infâme » Tony Duvert, à qui il a consacré une bio (L'enfant silencieux, Denoël, 2010) et un essai (Retour à Duvert, Le Dilettante, 2015).
À travers son expérience se dessine un état des lieux accablant de notre Éducation nationale, dont les maux vont jusqu'au terrorisme, le déclencheur de Hors classe ayant été l'assassinat de Samuel Paty. Tout ici sonne juste, sans pathos.
Hors classe. Un traité d'immaturité
Plein jour
Tirage: 3 800 EX.
Prix: 18 € ; 192 p.
ISBN: 9782370670816