30 janvier > Poésie France

235 poèmes pour tous les jours, 235 poèmes sans lyrisme, tout simples, courts souvent, tristes parfois… Thomas Vinau, 35 ans, pratique depuis longtemps la poésie comme une discipline vitale quotidienne. Parce que l’auteur de Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011), Ici ça va et du Bric à brac hopperien (2012), tous publiés chez Alma (et les deux premiers repris en poche chez 10/18), a « le monde en travers de la gorge », il a besoin pour traverser les jours et les nuits de ces « poèmes-hygiène », ces « poèmes-gymnastique », comptines et ritournelles entre contemplation, célébration et autoexhortation. Dans « Ablutions », il livre le rituel de sa discipline : « Je mets mes mains/dans les mots/m’en asperge le front/les yeux la peau/je frotte mon visage/savonne rabote décape/le poème mousse/le matin sent bon/son mensonge/parfumé tiendra/jusqu’à demain/chaque jour/est à vider/avec l’eau/du bain ». Le voilà, modeste, s’appliquant avec grâce à « bricoler dans l’essentiel », selon la définition de Pierre Autin-Grenier à qui est dédié « Tout vient à point à qui sait s’étendre ».

Juste après la pluie n’est pas aussi apaisé que le titre le laisse entendre. Après la pluie, le beau temps est encore mouillé. Il y a toujours beaucoup de nuages, de ciels chargés, même si les « grands vents pleins de poussière et de lumière » lavent, comme les mots, et que l’air vibre d’insectes ailés, mouches, guêpes et coccinelles… : « Une petite vie/pleine et fraîche/comme une rivière/une petite rivière/pleine et fraîche/qui nous file/entre les doigts ».

« Le poème est ce pain qui se coupe à la main lorsque l’on a très faim. Je vous donne mon gâteau de miettes », dit encore Thomas Vinau dans sa courte profession de foi, en fin de recueil. Une autre miette pour la route ? « Dans sa/petite/tête/ le trou/de ma/chaussette/ est une/immense/ fenêtre ».

Véronique Rossignol

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