François de Saint-Exupéry, fondateur des éditions Nimrod - Photo Nimrod
François de Saint-Exupéry : « Le récit militaire mériterait son rayon en librairie »
Le fondateur de la maison Nimrod, qui publie depuis 2006 des récits et témoignages de guerre, vient d’acquérir les droits d’un best-seller du genre américain et va publier une première BD.
Par
Éric Dupuy Créé le
24.02.2023
à 16h23, Mis à jour le 06.03.2023 à 12h55
Avec seulement trois livres publiés en 2022, Nimrod revendique un chiffre d’affaires de 950 000 €. Fondée en 2006 par François de Saint-Exupéry, unique employé, et distribuée par Geodif/Sodis, la maison, spécialisée dans les récits et témoignages de guerre, voit ses parutions régulièrement figurer au classement des meilleures ventes essais. Pourtant, l’éditeur, qui s’est lancé avec passion dans le métier après une première vie dans la communication événementielle, estime que la thématique militaire devrait avoir son propre rayon en librairie, au vu du regain d’intérêt qu’elle connaît grâce notamment aux séries TV. Surfant sur son succès, François de Saint-Exupéry a décidé d’élargir ses publications à la BD et a acquis aux enchères les droits d'un best-seller de développement personnel écrit par un ancien militaire américain.
Livres Hebdo : Vous venez d’acquérir les droits de Can’t hurt me de David Goggins, après quatre ans de négociations. Comment êtes-vous arrivé à vos fins ?
François de Saint-Exupéry : Avec de la patience ! J’ai repéré l’ouvrage en auto-édition de ce navy seal[commando marine américain, ndlr] dès sa sortie aux États-Unis, en 2018. Je l’ai contacté directement, alors qu’il n'avait vendu « que » 300 000 exemplaires, mais il nous a répondu : « Une traduction en français ne m'intéresse pas. » Plus tard, nous avons entamé des négociations via son avocat, avec une offre ferme répondant à ses souhaits, mais celle-ci n'a pas non plus abouti. Je lui ai envoyé des mails tous les mois. Le livre est finalement arrivé sur le marché français fin 2022, via une agence littéraire américaine et l'agence Eliane Benisti, qui l'a proposé aux enchères. Après trois tours d'enchères où j'étais confronté à six autres éditeurs, j'ai fini par l'emporter. Depuis sa sortie, David Goggins en a vendu quatre millions d’exemplaires, et naturellement, le prix n’était pas le même que prévu au départ !
Le rapport aux forces spéciales et à l'armée n'est pas le même en France qu'aux USA. Comment s’assurer du succès éditorial dans l'Hexagone d’un best-seller américain écrit par un ancien militaire ?
J’ai créé Nimrod en 2006 avec une ligne éditoriale axée sur le récit de guerre, peu importe d’où il provient. Au début, je suis allé chercher des titres anglo-saxons dont j’étais un lecteur assidu, car travailler avec des Français lorsqu’on n’a pas ou peu publié était difficile. En 2022, tous mes titres publiés étaient français mais en 2023, la programmation est 100 % étrangère. Il n’y a donc pas de règle. Ce que je remarque, c’est que cette ligne éditoriale ne plaît pas vraiment aux médias français, et les libraires ne savent pas où mettre les ouvrages. Elle mériterait largement un rayon, qu’on pourrait appeler pour faire tendance « soldier writing ». Malgré ces écueils, j’ai trouvé un public, en publiant peu (cinq ouvrages par an) mais en publiant bien : c’est moi qui vais chercher les auteurs. Je n’ai pas de pression et je prends le temps en attendant le bon livre. 90 % de mes publications sont dorénavant des manuscrits reçus et j’ai un fond qui fonctionne bien, sans besoin d’éditer en poche. Mon dernier roman publié en octobre, Stick Action Spéciale, écrit par un opérateur du 1er régiment de parachutiste d’infanterie de marine [écoulé à près de 9 000 exemplaires selon GFK, ndlr] n’a bénéficié d’aucune communication média.
Comment pallier ce « manque » d’intérêt médiatique ?
Déjà, en recrutant des plumes qui savent communiquer et jouer sur l’effet de communauté sur les réseaux sociaux. Je souhaite également organiser un salon avec mes auteurs pour qu’ils puissent rencontrer leur public. Je visite actuellement des espaces pour le planifier à l’automne à Paris. Enfin, il y a un vrai regain d’intérêt du public pour la chose militaire avec l’explosion de séries des plateformes de streaming.
Nimrod se lance dans l'illustré
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Par
Charles Knappek
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