Dans l'ombre d'Eddie Barclay. Qu'a-t-il vu en lui ? Quel talent que lui seul subodorait, pour qu'un jour de juillet 1968 il convoque dans son immense appartement de l'avenue de Friedland ce grand garçon un peu timide de 21 ans, qui hésitait encore entre la musique et ses études de droit, et lui propose de travailler pour lui ? C'est ainsi qu'Eddie Barclay lança la carrière de directeur artistique de François Bernheim, pour quelques années déterminantes de sa vie. C'est à ces années-là vécues comme une parenthèse enchantée, c'est à cet homme-là comme embaumé déjà dans sa propre légende que Bernheim consacre, un demi-siècle plus tard, un enchanteur Eddie Barclay et moi. On y retrouvera les incontournables objets du culte de l'époque, Bardot, Delon, Sagan, Castel, le Rosebud, les bagnoles, la nuit, les filles. Un univers où le jeune Bernheim est comme un huron qui ne s'en laisserait tout de même pas conter. Chez Barclay, tout le monde le surnomme « le dauphin », mais le roi Eddie lui, préfère l'appeler « le dilettante » Loin de son image de fêtard invétéré qu'il s'attache à entretenir, Eddie Barclay ne croit qu'au travail et en attend autant de ses collaborateurs. C'est un homme de coups, d'intuitions souvent géniales, un joueur qui ne cesse de rebattre les cartes. Jamais toutefois, malgré leur intimité, malgré les succès qu'il lui apporte (et notamment avec la chorale d'enfants Les Poppys), François Bernheim ne parviendra vraiment à percer le mystère de la mélancolie de ce solitaire qui ne se supportait qu'entouré. N'empêche, l'exercice a été profitable.