11 AVRIL - ROMAN France

Ludo Sterman- Photo JEAN-MARC GOURDON/FAYARD

Sébastien Peyron est mort. Suicidé. Après la disparition de l'idole de tout un peuple, Angel Novella, c'est la deuxième star de la grande équipe de France, entraînée par Michel Ortega (devenu depuis ministre des Sports), championne du monde de football en 1998, qui disparaît. Biographe de Novella, journaliste au grand quotidien d'information sportive Le Sport, Julian Milner est de la revue nécrologique... Son enquête lui fera découvrir la face sombre, et finalement criminelle, de cette épopée qui n'en fut pas une : un vaste réseau de dopage organisé, à l'initiative ou avec la complicité de tous et de chacun, fédération, pouvoirs publics et médias. En cette époque qui a réinventé les jeux du cirque, "there's no business like sport business".

Bien sûr, Peyron, Novella, Milner ou Ortega n'existent pas. Et il faudrait avoir l'esprit singulièrement mal tourné (ou être particulièrement bien informé...) pour reconnaître derrière chacun d'eux, personnages de papier, telle ou telle de nos stars sportives. Ludo Sterman a l'esprit mal tourné. Et il n'existe pas plus que ses héros, puisque c'est le pseudonyme que se serait choisi cet ancien journaliste de L'Equipe pour signer son premier roman noir, Dernier shoot pour l'enfer. Les amateurs de ballon rond en apprendront de belles ou y verront confirmées toutes leurs craintes quant à l'honnêteté de leur spectacle sportif favori. Les autres découvriront que quand la loi du marché ou celle de la jungle tiennent lieu d'arbitrage social, le retour à l'état sauvage devient un fait d'époque. Ludo Sterman mène son affaire sans s'embarrasser de nuances, avec une très louable efficacité frontale et une "violence" que seul peut faire naître quelque chose comme du dépit amoureux. Il n'y a pas que les dieux du stade et leurs séides qui prennent du plomb dans l'aile ici, les rêves de l'enfance font aussi partie des victimes collatérales...

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