Folie, travail et secrets de famille

Clotilde Coquet, Parle-moi du sous-sol, Fayard - Photo Olivier Dion

Folie, travail et secrets de famille

Moins nombreux qu’en 2013, les premiers romans de cette rentrée littéraire n’en sont pas moins intenses. Ils livrent une réflexion sur les ruptures qui jalonnent l’existence, entraînant parfois les hommes dans la folie. Ils se nourrissent aussi des non-dits au sein des familles et des travers de la société.

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Par Souen Léger,
avec Créé le 15.04.2015 à 22h43 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Cette année, les éditeurs sont moins enclins à donner leur chance aux primo-romanciers. Soixante-quinze premiers romans, dont un à quatre mains, sont attendus en août, septembre et octobre 2014 contre 86 en 2013. Si la plupart des maisons d’édition n’en publient qu’un, Gallimard et P.O.L se distinguent avec chacun quatre titres à paraître, quand trois primo-romanciers sont attendus chez Stock et Le Manuscrit.

La parité n’est toujours pas d’actualité puisque cette nouvelle cuvée compte 46 auteurs masculins pour 30 romancières. Toutes les générations sont en revanche représentées, depuis les benjamines Suzanne Azmayesh et Frederika Amalia Finkelstein, toutes deux âgées de 23 ans, jusqu’au doyen, Jean-Louis Coatrieux, 68 ans. Parmi eux, beaucoup naviguaient déjà dans le monde du livre en tant qu’auteurs (Raphaël Fejtö, Jean-Pierre Orban, Fiston Mwanza Mujila) ; éditeurs (Pierre Demarty, Adrien Bosc) ; traducteurs (Marianne Groves) ; ou tout simplement comme militants, à l’image de Ronald C. Paul qui se consacre au développement de la lecture en Haïti. Le cinéma fournit également son lot d’auteurs, à commencer par le réalisateur Alain Guiraudie, récompensé lors du Festival de Cannes 2013 pour L’inconnu du lac.

Folie.

Pour les héros de ces premiers romans, le temps est au changement de cap. Ainsi, Hedwige Jeanmart consacre Blanès (Gallimard) au parcours d’une jeune femme à la recherche de son compagnon brusquement disparu. Le personnage principal imaginé par Pierre Demarty dans En face (Flammarion) décide quant à lui de quitter sa femme et le monde, pour se consacrer à une maquette de bateau qui l’embarque dans ses délires d’aventures. Car c’est bien la folie qui guette nombre de protagonistes, qu’il s’agisse d’un professeur de philosophie qui sombre dans la démence, dans Socrate de Montceau-les-Mines d’Yves Cusset (Editions nouvelles François Bourin), ou d’une vieille dame atteinte d’un syndrome qui la pousse à transformer son appartement en poubelle géante, dans Madame Diogène d’Aurélien Delsaux (Albin Michel).

Travail.

Les auteurs s’éloignent parfois des seuls tourments de l’âme pour porter un regard acéré sur la société actuelle, notamment sur le monde du travail. Denis Michelis évoque dans La chance que tu as (Stock) la difficulté de trouver son identité, à travers un jeune homme qui travaille à un rythme effréné dans un restaurant très chic, sans oser se plaindre. Dans Parle-moi du sous-sol de Clotilde Coquet (Fayard), la narratrice décroche un emploi alimentaire au sein d’un grand magasin où, invisible aux yeux des riches clients, elle découvre un autre univers.

Secrets de famille.

Le thème des non-dits familiaux reste très prisé des primo-romanciers. Dans Le cercle des femmes de Sophie Brocas (Julliard), le temps des funérailles d’une arrière-grand-mère, quatre générations de femmes se trouvent confrontées à la découverte d’un terrible secret de famille. Karine Silla, dans Monsieur est mort (Plon), met en scène des retrouvailles après le décès du père, dans une atmosphère de mensonge et de culpabilité.

La production est aussi relevée d’une touche de glamour avec Le manteau de Greta Garbo, de la journaliste littéraire Nelly Kaprièlian (Grasset), qui révèle la personnalité de la célèbre actrice à travers sa garde-robe. S. L.

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