Reconnu pour ses romans pour la jeunesse, Timothée de Fombelle a publié en août dernier son premier roman pour adultes (Neverland, L’Iconoclaste). Dans la foulée, il s’essaie à la bande dessinée avec Christian Cailleaux. Un excellent choix pour cet album où le dessinateur peut donner le meilleur de sa virtuosité dans l’expression graphique de la mélancolie, comme il l’a notamment montré en produisant, avec Bernard Giraudeau, les formidables R97, les hommes à terre (Casterman, 2008) et Les longues traversées (Dupuis, 2011).

Il y a beaucoup de poésie dans ce récit situé au début des années 1950 à Manhattan, New York, entre deux immeubles proches du parc privé de Gramercy Park, qui donne son titre à l’album où on ne l’aperçoit pourtant que fugitivement. A la fenêtre de l’un, ou sur son toit où elle entretient des ruches comme son grand-père le faisait sur celui de l’Opéra de Paris, Madeleine, ancien petit rat, surveille les allées et venues de George Day, un mafieux qui lui-même l’observe depuis son appartement. Un sombre secret les lie, et même plusieurs. Les auteurs les dévoilent à leurs lecteurs en même temps qu’à leurs personnages. Fabrice Piault