Trous noirs, crêpes stellaires, nébuleuses planétaires, naines blanches, supernovae, étoiles à neutrons, Univers chiffonné. Pas de doute, l'astronomie peut faire rêver. Cela tombe bien, Jean-Pierre Luminet aime la poésie, qu'il pratique à ses heures. Le silence des espaces infinis l'inspire. C'est pour cela que cet astrophysicien né en 1951, spécialiste mondial des trous noirs, a intitulé son dernier livre Illuminations. C'est son "rainbow for Rimbaud" à lui, sa manière de transmettre depuis plus de vingt ans sa passion de la science. Une activité qu'il considère comme essentielle, ne serait-ce que pour briser l'absurde frontière que l'on instaure trop souvent en France entre les littéraires et les scientifiques. "J'ai toujours été fasciné par le fonctionnement de l'imagination créatrice, qu'elle soit scientifique, littéraire, artistique ou philosophique."
Et de l'imagination, il en faut pour cheminer dans cette branche de l'astronomie qui a la folle ambition de décrire la structure et l'organisation de l'Univers dans son ensemble et que l'on appelle la cosmologie. Comme vulgarisateur, ce directeur de recherches au CNRS s'est imposé avec ses ouvrages sur la relativité générale, la nature et la forme de l'espace, et bien sûr les trous noirs. "En termes simples (c'est-à-dire non relativistes), un trou noir est un astre condensé dont l'attraction gravitationnelle est si intense qu'elle empêche toute matière et tout rayonnement de s'échapper."
On retrouvera bien d'autres explications de l'Univers dans ce recueil d'articles, de conférences ou d'entretiens qui finissent par mettre en place une géométrie du cosmos qui vaut les dessins les plus fascinants. D'autant que ce physicien ne dédaigne pas l'histoire de sa discipline. Il rend ainsi un hommage appuyé à ses prédécesseurs, les Copernic, Kepler, Galilée ou Newton auxquels il avait consacré sa suite romanesque, Les bâtisseurs du ciel (Lattès, 2010). Instruire des choses les plus complexes tout en divertissant. Le pari est gagné. Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, sans que les préoccupations pour la première n'effacent la passion pour les secondes.