Fauve d'or du meilleur album pour le québécois Guy Delisle

Guy Delisle et un extrait de son album

Fauve d'or du meilleur album pour le québécois Guy Delisle

Chroniques de Jérusalem (Delcourt) est un reportage passionnant sur la Ville Sainte.

Par Vincy Thomas
avec vt, avec afp Créé le 21.01.2014 à 10h18

Le Québécois Guy Delisle rejette l'étiquette de journaliste, il "attend que les histoires lui tombent dessus", mais c'est bien à un reportage passionnant sur la Ville Sainte qu'il convie le lecteur dans sa BD Chroniques de Jérusalem, couronnée dimanche du Fauve d'Or du meilleur album à Angoulême.

"Cela m'embête toujours de me voir coller l'étiquette du BD reportage. Moi, je suis à l'opposé de l'Américain Joe Sacco (l'auteur de Gaza). Je ne fais pas d'investigation, pas d'enquête approfondie. J'essaye juste de rester stoïque et de garder une distance", confie-t-il dans un entretien à l'AFP.

"Je suis d'une certaine façon reporter, mais plutôt comme un curieux qui enverrait de longues cartes postales à ses amis. Un type normal, dépassé par la situation", dit le Canadien de 46 ans, allure juvénile et décontractée.

Dans son roman graphique, Chroniques de Jérusalem (Delcourt), l'auteur de Shenzen, Pyongyang et Chroniques birmanes, relate le quotidien des habitants de Jérusalem.

Suivant sa compagne expatriée pour Médecins sans frontières, il y a passé un an, en 2008-2009, avec ses deux enfants. Et c'est un portrait de ses nombreux quartiers, où cohabitent dans la tourmente les plus grandes religions monothéistes agitées de tensions qu'il "donne à voir sans voyeurisme et sans juger", assure Guy Delisle, formé au dessin animé.

Case après case, "je croque le quotidien par le petit bout de la lorgnette, mais tous ces détails se révèlent lourds de sens et je me retrouve confronté à la grande Histoire".

Ici, le poignet famélique d'une femme voilée en cours de dessin, là, les scènes kafkaïennes des contrôles, ailleurs, le mur de séparation ou un haut-parleur qui braille... Et tout est dit de ce monde.

"à Jérusalem, je me suis remis à faire des croquis, je voulais que les gens reconnaissent une maison, un coin de rue. Je prends aussi des tas de notes", explique-t-il.

"Le dessin, cela peut ouvrir ou fermer des portes. Dans un camp de réfugiés palestiniens dont on m'avait dit le pire, les gens sont venus me parler en me voyant le carnet de croquis à la main. Ils m'ont beaucoup appris", relève-t-il.

"Je fais relire mes textes aux gens mis en scène dans la BD, ils travaillent avec moi", ajoute Guy Delisle.

"Cela m'arrive aussi de ne pas faire de 'reportages'. En Ethiopie, je travaillais sur la Birmanie, au Vietnam, je n'ai pas eu le temps", souligne-t-il.

"Les Chroniques de Jérusalem" ont été traduites en plusieurs langues. "J'adorerais qu'elles le soient en hébreu ou en arabe.".

"Maintenant, je pose mes valises à Montpellier, déjà notre port d'attache. Ma compagne arrête l'humanitaire. Et j'ai un livre en tête qui me tient à coeur".

"Pour une fois, ce ne sera pas autobiographique, mais l'histoire vraie d'un humanitaire kidnappé pendant 3 mois en Tchétchénie. Ce sera sur l'enfermement, c'est fascinant", note le dessinateur.

"Et un jour, pourquoi pas, je me lancerai dans une BD sur le Canada. J'en suis parti depuis si longtemps que j'ai désormais assez de recul. On m'y explique même ce qu'est le sirop d'érable !", sourit Guy Delisle qui a bel et bien perdu son accent québécois...

21.01 2014

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