POUR : OLIVIER DUMONT, Doucet, Le Mans
Le libraire se doit de pouvoir proposer un texte dans le format le plus approprié au client : papier (grand format, poche), numérique, audio... C'est essentiel par rapport à un acte de conseil. Le support évolue, le libraire doit se mobiliser. Le rayon numérique est un outil tout simple qui permet aux libraires de communiquer ensemble, de dire qu'ils offrent un conseil gratuit. Cela permet aussi de démystifier le livre numérique. Le numérique fera 20 % du marché, avec notamment le développement d'un nouvel espace de lecture. Mais si ces 20 % sont préemptés par des industries chez qui le conseil est pour le moins sujet à caution, cela pose un problème. Ce qui me gêne, ce ne sont pas les sites de vente en ligne, mais l'espèce d'OPA qui consiste à dire qu'on ne peut acheter le livre numérique que sur Internet. Si le poche, il y a 50 ans, avait été réservé aux grandes surfaces, il n'aurait pas la place qu'il a aujourd'hui ! Je mène un combat pour éviter que le libraire soit mis hors jeu par des acteurs qui ne visent pas vraiment la promotion du livre. Mon objectif n'est pas de développer mon chiffre d'affaires, car je vends 10 à 15 livres numériques par mois. C'est une démarche pédagogique sur ce nouveau format et sur le rôle que le libraire doit avoir face à lui.
CONTRE : JÉROME DAYRE, Atout-Livres, Paris 12e
Ma principale objection à la présence de bornes en magasin est que le numérique se passe sur le Web. Si les libraires veulent exister dans le numérique, ce sera à travers leurs sites, pas in situ. Essayer de provoquer, chez un client, la démarche de venir en librairie pour acheter un livre numérique et ensuite rentrer chez lui pour le télécharger me paraît absurde et anachronique, alors que l'on est sur tous les réseaux en un clic ! Les chaînes l'ont bien compris. J'entends l'argument selon lequel une borne montre que les libraires s'intéressent au numérique, mais c'est beaucoup de matériel mobilisé et d'incompétence révélée au grand public ! Car bien souvent, l'utilisation se révèle compliquée et tous les libraires ne sont pas formés. On peut imaginer d'autres façons de faire du numérique. Par exemple, proposer aux clients qui ont une liseuse de se connecter en Wi-Fi sur le site du libraire et de télécharger le livre numérique. Même si les liseuses seront, 9 fois sur 10, des Kindle ou des Kobo, qui ne permettent pas d'acheter ailleurs que sur Amazon ou Fnac.com... On pourrait aussi proposer, avec le livre papier, l'accès au fichier numérique pour 3 euros de plus. C'est une initiative qui doit venir des éditeurs et qui permettrait que les libraires soient "complices" de cette vente.