Déménagements, cambriolages, scènes de ménage, décès de plantes vertes pendant les vacances, invitations à dîner..., en cent dix-huit ans, il en a vu de toutes les couleurs dans son vieil immeuble parisien, le fantôme héros de cet album. Un jour pourtant un événement insolite a lieu. Une jeune fille est morte à proximité et depuis, elle ne cesse de le hanter. Tantôt elle se dore dans la cour et danse sur la musique des gens du troisième, tantôt elle effraie les gens qui trient mal leurs ordures. Un vrai feu follet, cette demoiselle qui porte des jeans, rit et plaisante, sort le soir avec ses potes, les esprits fun de la rue. Seulement voilà lui est vieux jeu et conventionnel à souhait, en un mot tout droit sorti d'un autre temps ! Deux personnages aux antipodes que l'illustrateur Gerald Guerlais prend un malin plaisir à évoquer. De plus, chaque fois qu'elle lui adresse un mot, il a un métro de retard. La première fois qu'elle le taquine, il ne sait pas quoi répondre. C'est quelques minutes après son départ qu'il lui vient une idée : « Pardonnez-moi, Madame, je suis muet comme une tombe. » La deuxième fois, idem, l'idée d'une réplique amusante lui vient trop tard : « Les grands esprits se rencontrent. » La belle a déjà filé.

De jour en jour notre amoureux transi se languit et se meurt d'amour. L'esprit suranné arrivera-t-il enfin à se déclarer à la fantômette cool ? La malicieuse Clémentine Beauvais aux manettes du texte a réussi le pari de raconter cette histoire de revenants sur la seule inspiration de l'expression imagée « l'esprit d'escalier ». Une idée d'enfer.