Fabienne Pascaud, «Rideau noir» (Stock): Graal théâtral

Mars 2012 - Fabienne Pascaud Directrice de la rédaction de Télérama - Photo © Jean François Robert

Fabienne Pascaud, «Rideau noir» (Stock): Graal théâtral

Fabienne Pascaud trouve les mots pour donner vie à des femmes qui cherchent leur voie sur les planches, dans l'amour, la magie ou l'au-delà. Tirage à 4000 exemplaires.

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Par Kerenn Elkaim
Créé le 16.01.2021 à 18h12

Si le théâtre représente sa « bouée de sauvetage » depuis qu'elle est petite, il constitue aussi une formidable « façon de découvrir le monde ». Fabienne Pascaud souhaitait devenir comédienne, mais la directrice de la rédaction de Télérama a transposé cette passion dans ses articles. Elle la prolonge au sein de ce premier roman teinté de mystère. Il s'ouvre sur Laura Nuit, lors de son examen au Conservatoire, en 1947. Cette jeune fille entière vibre dans la peau de Bérénice et obtient ainsi le premier prix de la tragédie. Sa famille ne la soutient guère, cela ne fait que renforcer l'indifférence de sa mère. Une forme de guerre oppose ces deux personnalités antagonistes. Elle va les précipiter dans les abysses... Mais Laura connaîtra néanmoins l'amour de Charles, figure légendaire du théâtre. Un amour torturé, plus puissant que la mort.

Plusieurs personnages féminins semblent intrigués par cette destinée brisée. Comme si Laura incarnait ces femmes « trop » différentes et indépendantes, qui refusent de se plier aux règles des hommes ou de la société. La passion les dévore, mais elle leur permet de se surpasser.

« On connaissait si mal ce qui se trame en nous et autour de nous. » Que ce soit Irène la dramaturge solitaire, Stéphanie l'actrice habitée ou Jeanne, qui désire sauver les âmes perdues et éperdues. Un lien, invisible voire sororal, les relie au fil des décennies. Sensibles, elles explorent l'irrationnel, dans lequel peuvent s'engouffrer l'art ou la sorcellerie. Une touche ésotérique qui nous rappelle que l'être humain est avant tout pluriel, si ce n'est éternel. « Les grands acteurs épousent des émotions de leur époque, les devancent parfois. Ils étaient des devins. Des déchiffreurs. Des passeurs. »

À l'image d'un écrivain qui parvient à mêler l'histoire théâtrale des grands à celle des petites gens. Ses héroïnes rêvent d'attirer la lumière, mais elles portent des noms associés aux ténèbres (Nuit, Dhombres). « Rien ne mourait donc au théâtre. Les morts sans fin y triomphaient des vivants. Tout était confondu. Comme nulle part ailleurs. » Éros et Thanatos se livrent ici à un combat féroce, mais la sorcellerie de la Vie se compose d'une potion aux sensations inouïes.

Fabienne Pascaud
Rideau noir
Stock
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 18,50 € ; 220 p.
ISBN: 9782234084223

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