Le Festival de Cannes a ouvert ses portes et la semaine s’est passée en congratulations sur la vitalité de la production cinématographique hexagonale, qui permet à la France d’aligner dans les sélections 33 longs-métrages sur 76. Un exemple de l’exception culturelle française bien en phase avec le rapport de Pierre Lescure sur « les politiques culturelles à l’heure du numérique ». De quoi retrouver le moral.
Dans ce numéro, nous contribuons à cet éclairage positif en mettant en vedette deux éditeurs optimistes, qui nous épargnent les discours convenus sur « la fin d’une époque ». Pourtant, à part cette heureuse disposition d’esprit, ils n’ont pas grand-chose en commun. Le premier, c’est François Gèze qui préside depuis trente ans à la destinée des éditions de La Découverte. Quand beaucoup déplorent la fin des sciences humaines, lui se délecte des mutations à l’œuvre dans notre société, persuadé qu’elles ne peuvent que susciter un besoin d’analyse et de réflexion propice à la lecture et au livre. Mieux, à contre-courant, il estime que l’on observe l’émergence de jeunes chercheurs particulièrement novateurs qui font souffler un salutaire courant d’air sur les travaux plus convenus de leurs aînés. Surtout, il se réjouit de l’apparition de l’impression à la demande, « la » révolution apportée selon lui par le numérique, qui permet de faire revivre le fonds.
A l’autre bout du prisme, c’est Isabelle Magnac, responsable d’Hachette Illustré, qui manifeste sa confiance en l’avenir. L’éditrice d’Astérix, que de récurrentes querelles familiales ont poussé dans les bras d’Hachette Livre, a en effet de quoi être heureuse. Elle peaufine le lancement du nouvel album, comme nous le racontons dans ce numéro. En octobre, tandis que la BNF adoubera définitivement notre héros national par une grande exposition - c’est ça aussi, l’exception française -, plus d’un million et demi d’albums vont s’installer en librairie. Et on peut parier que la curiosité sera au rendez-vous, puisque pour la première fois Uderzo a cédé le crayon à un nouveau dessinateur, Didier Conrad, tandis que le scénario sera assuré par Jean-Yves Ferri, l’auteur du désopilant De Gaulle à la plage. Nous retrouverons le fier Gaulois en Ecosse avec ses fidèles compagnons. En attendant le prochain film.