“Entre les murs”, le making of (1)

Laurent Bégaudeau © Olivier Dion

“Entre les murs”, le making of (1)

François Bégaudeau raconte à livreshebdo.fr la façon dont il a travaillé avec le réalisateur Laurent Cantet pour adapter son roman au cinéma, à la veille de la sortie sur les écrans le 24 septembre d'Entre les murs, palme d'or au Festival de Cannes.

Par Catherine Andreucci,
avec ca Créé le 15.04.2015 à 19h12

L'auteur d'Entre les murs (Verticales, 2006, Folio, septembre 2008) a participé à la réalisation du film de Laurent Cantet qui a obtenu la palme d'or au festival de Cannes. Le film met en scène le quotidien d'un collège parisien réputé difficile, entre la salle des profs et la salle de cours.

François Bégaudeau en a coécrit le scénario, a dirigé les acteurs et a lui-même joué le rôle du professeur de français. Alors qu'il nous a accordé un entretien, publié dans Livres Hebdo du 12 septembre, à l'occasion de la parution de son Antimanuel de littérature chez Bréal le 2 octobre, il revient pour livreshebdo.fr sur cette expérience singulière de l'adaptation de son roman à l'écran.

Pourquoi avez-vous accepté de travailler avec Laurent Cantet ? Vous êtes-vous reconnu dans sa démarche qui observe le réel pour le laisser parler ?
C'est Laurent qui m'a demandé de travailler avec lui, après avoir lu le livre. Et pour moi il n'y a pas eu photo. J'aime beaucoup son travail depuis le début, j'ai parfois été amené à écrire dessus en tant que critique de cinéma. Je suis un grand fan de L'emploi du temps, et je venais d'écrire sur Vers le Sud quand on s'est rencontrés. Je reconnaissais en Laurent “the right man at the right place” pour éviter ce que je craignais par dessus tout : non pas que l'on fasse n'importe quoi avec le livre, peu importe après tout, mais que l'on fasse n'importe quoi avec ce réel, avec ces gamins, avec l'école. Que l'on fasse un film à pas de mammouth, comme font tous les reportages télé dès qu'il s'agit de l'école, de la banlieue, des jeunes, les trois sujets les plus galvaudés de la terre. Laurent, je connaissais sa méthode. C'est quelqu'un qui, d'abord, écoute les gens, les regarde vivre, et prélève cette matière, sans avoir de surmoi ni se poster en surplomb par rapport aux gens. C'est ce qu'on a fait. On a beaucoup écouté les parents, les praticiens, les profs, on a fabriqué le film avec l'expertise qu'ont les gens de leur propre vie, plutôt que de se poser comme étant plus experts qu'eux. Moi étant bien sûr à la croisée des deux : expert du métier et fabricant du film.

Le film est-il un aboutissement du livre ? Après coup, Entre les murs apparaît comme le texte idéal pour être porté à l'écran.
Oui, mais cela, on ne peut le dire qu'après coup. Lorsque j'ai écrit le livre, je ne pensais pas du tout à une adaptation à l'écran. Du point de vue de l'incarnation, le film est l'aboutissement du livre. Mais sur d'autres points, le film est en lacune par rapport au livre. Il y a des opérations purement littéraires dont le film ne voulait pas. On a parfois essayé d'en reproduire, en vain. Par exemple, dans le livre, je m'amusais, sans intention satirique, à faire apparaître les élèves en les nommant par les inscriptions qu'ils portent sur leurs t-shirts. Au cinéma, on verrait apparaître le mec, puis son sweat-shirt, sur lequel on zoomerait... ça alourdirait considérablement le film.

Suite de l'interview de François Bégaudeau
15.04 2015

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