Inaugurées il y a trois ans au Furet du nord, les murder party initiées en bibliothèques s’invitent de plus en plus souvent dans les librairies, rassemblant un public nombreux et enthousiaste. En 2017, pas moins d’une douzaine ont été le théâtre de ces Cluedo géants où jusqu’à 250 participants s’affrontent afin de résoudre une énigme, voire un meurtre. "Le phénomène prend de l’ampleur, sans doute parce qu’il répond bien à l’attente des libraires qui cherchent constamment des événements originaux pour animer leurs points de vente", témoigne Bénédicte Gimenez, chargée des relations libraires chez Univers Poche, partenaire de la majorité des murder party organisées en librairie et qui doit faire face à une multiplication des demandes. "C’est le type même d’animation dont les clients sont friands : elle montre la librairie sous un autre jour, comme un lieu où on peut s’amuser, réfléchir et vivre une expérience inédite", confirme Anne Martelle, qui en a organisé une en juin dernier pour célébrer les 60 ans de sa librairie, à Amiens, qu’elle codirige avec sa sœur.
Très souvent élaborées autour d’un ou plusieurs auteurs de romans policiers, qui se prêtent volontiers au jeu, les murder party permettent en outre "de changer le cadre de la rencontre habituelle, note Nathalie Deleval, responsable du livre au Furet du nord. Ce sont des soirées exceptionnelles où les lecteurs côtoient des auteurs comme jamais ils n’auront l’occasion de le faire." Autre avantage, le jeu de rôle favorise l’exploration du magasin, dont "certains rayons auxquels les participants n’auraient pas prêté attention en temps normal", soutient Maria Dufour, cogérante du Forum à Saint-Etienne, déjà trois murder party à son actif.
Reste que, efficace en termes de communication et d’événementiel, une murder party demande un certain investissement. Au minimum : recrutement des participants, théâtralisation du magasin, mobilisation et implication du personnel, qui contribue notamment à la résolution des énigmes. "Le travail préparatoire reste lourd et chronophage", confirme Bénédicte Gimenez, qui prend en charge l’écriture des scénarios, confiés depuis 2017 à l’écrivaine Ingrid Desjours, et la recherche des accessoires. Cette charge de travail n’a toutefois pas réussi à entamer l’enthousiasme des libraires, prêts à renouveler l’expérience. 2018, année du crime en librairie ?
Cécile Charonnat