L’épatant nouveau roman noir d’Adrian McKinty nous ramène en mai 1981. Radio 1 diffuse des chansons de Spandau Ballet, le prince Charles s’apprête à épouser Diana Spencer et l’attentat contre le pape Jean-Paul II fait la une du Belfast Telegraph. En Irlande du Nord, c’est alors le temps des émeutes. Bobby Sands, fameux commandant de l’Ira, vient de mourir au soixante-sixième jour de sa grève de la faim.
Les émeutes, Sean Duffy les regarde depuis Knockagh Moutain. Le héros d’Une terre si froide est sergent dans la police judiciaire de Carrick. De lui, on sait qu’il a 30 ans, qu’il est dense mais pas musclé et envisage parfois de se laisser pousser une petite moustache « à la Serpico ». Fils unique d’un père clerc puis avocat en province, il a fait dix ans de piano contre son gré. Il a étudié la psychologie à l’université grâce à une bourse avant d’entrer dans la police à la suite d’un « incident ». Sept ans plus tôt, un attentat dans un pub lui a donné envie de mettre un terme « à cette folie ». D’agir et de lutter contre le chaos. Il convient de préciser que notre homme est catholique. Qu’il vient d’acheter une maison vide pour dix mille livres dans le lotissement Victoria de Coronation Street. Un bastion protestant en bordure de la ville. Sean Duffy travaille sous les ordres de l’inspecteur principal Brennan. Un type imposant, de ceux « qui pensent qu’une poignée de main molle peut nuire à leur autorité ». Voici que l’on découvre un cadavre dans une voiture. Le défunt portait une veste en jean AC/DC, des Doc Martens et avait des mèches décolorées. Il a été abattu de plusieurs balles, violé et amputé d’une main. Le sergent Duffy se demande s’il s’agit d’un règlement de comptes, d’un crime sexuel, ou s’il assiste aux débuts d’un tueur en série…
L’auteur du Fils de la mort (« Série noire », 2008, repris en « Folio policier ») inaugure de belle manière une trilogie mettant en scène Sean Duffy. Un personnage complexe et attachant que l’on retrouvera dans la « Cosmopolite noire » en octobre 2013 et en 2014. Al. F.
