4 mai > roman Allemagne

Fin mars, Camille Laurens a signé une chronique dans Libération sur la précarité des écrivains, que ce soit sur le plan financier ou celui de la reconnaissance. Elle l’a intitulée "Une profession de foi". A en croire Joachim Zelter, le constat est encore pire. "Le texte, voilà ce qui compte, l’auteur n’est qu’un épiphénomène." La notoriété de cet auteur allemand reste d’ailleurs confidentielle dans nos contrées. Il voit le jour à Fribourg. Journaliste indépendant, romancier, homme de théâtre, il est membre de l’association des écrivains allemands.

Pourquoi écrire ? Monsieur l’Ecrivain répond en poussant le bouchon très loin. Le héros, pince-sans-rire, va être victime d’un délire qui en dit long sur le statut d’auteur respecté. Alors qu’il aspire à la quiétude, il est interpellé par le courrier de Selim Hacopian, un parfait inconnu. Celui-ci dit avoir écrit un livre et lui demande d’y "jeter un coup d’euille". Son français semble limité, mais son culot s’avère démesuré. A l’image d’un CV, aussi aventurier qu’improbable.

"Monsieur l’Ecreuvain" décline poliment mais, face au harcèlement du brave garçon, il se prend au jeu. Comment lui prodiguer des leçons d’écriture ? Comment lui apprendre ce qu’est la narration ou le mot juste ? Après de nobles conseils, le protagoniste finit par prêter sa plume et son savoir à Selim, au risque de se laisser vampiriser par son rôle de mentor, jusqu’à ce que son disciple soit approché par une grande maison d’édition. Le roman prend alors toute sa dimension satirique et géniale. Ce petit texte, croustillant, et même hilarant, reflète merveilleusement l’envers et la cruauté du milieu littéraire. Une révélation à savourer sans modération, qui devrait plaire aux auteurs, aux éditeurs, aux libraires et aux critiques ! "Lire tous ces romans avec bienveillance et enthousiasme, il faut bien que quelqu’un le fasse."K. E.

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