Religion

Dossier Religion : sous les feux de l’actualité

Olivier Dion

Dossier Religion : sous les feux de l’actualité

2014 a été une nouvelle année difficile pour les éditeurs comme pour les libraires religieux. Mais les évolutions sociétales et les drames de l’actualité attirent l’attention sur les religions en suscitant des demandes d’explication, de témoignage et de réflexion spirituelle qui stimulent l’activité du secteur.

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Par Anne Ducrocq,
avec Créé le 15.04.2015 à 20h04 ,
Mis à jour le 16.04.2015 à 02h43

En nombre de titres publiés, l’édition religieuse continue de progresser, à 2 222 nouveautés et nouvelles éditions l’an dernier, contre 2011 en 2013 (+ 10 %), d’après nos données Livres Hebdo/Electre. En termes de ventes, c’est plus compliqué. "Le secteur religieux va mal et tout ne vient pas de la crise", estime un éditeur qui pointe qu’"il s’agit de l’un des secteurs les plus touchés économiquement, et pourtant aussi de l’un de ceux qui produisent le plus. Quand une tempête s’approche, la meilleure façon de disparaître est de continuer à faire comme avant !" lance-t-il. "Je n’ai pas du tout la sensation d’une surproduction, du moment que ce sont de bons livres, et pas des livres de plus, relativise François Maillot, directeur de la librairie La Procure à Paris. Le milieu a des difficultés mais il se défend. Nous sommes encouragés quand nous voyons le Cerf rationaliser sa production et renouveler son offre éditoriale, ou encore le groupe Artège-DDB être repris en main. Les efforts produisent des résultats. Nous y voyons des signaux positifs."

"Le milieu a des difficultés mais il se défend. Les efforts produisent des résultats. Nous y voyons des signaux positifs."François Maillot, La Procure- Photo OLIVIER DION

Au Cerf, le président du directoire, Jean-François Colosimo, prend en effet le taureau par les cornes en réduisant la production de 230 titres en 2013 à 140 en 2014. Son objectif, à court terme, est d’arriver à 100 titres annuels. Après l’élagage des activités connexes comme la distribution, une partie de la diffusion ou la librairie, la définition d’un nouveau périmètre de 32 salariés (contre 50 auparavant) et l’apurement des comptes et des dettes, Jean-François Colosimo passe désormais aux réformes éditoriales. Outre la diminution de la production, il prévoit la création d’un pôle d’érudition en numérique, avec impression à la demande, un nouveau site Internet et la numérisation de 2 000 titres. Parallèlement, tout en dotant le Cerf de moyens d’accès complets au 1er niveau, il annonce pour les autres réseaux un accord de diffusion imminent avec un grand groupe.

"Les auteurs confessionnels sont parfois difficiles à publier. Ils ont une langue qui doit presque être traduite."Elsa Rosenberger, Seuil- Photo OLIVIER DION

Recentrage sur le christianisme

Le groupe Artège-DDB est également engagé dans de grandes manœuvres. La vieille maison DDB avait besoin de panser ses plaies et notamment de restaurer une relation éditeur-auteurs qui avait souffert. "Dans le courant de l’année, un système informatique sera mis en place pour permettre aux auteurs de consulter, mois par mois, la vie de leurs contrats, leurs ventes… Cela nous semble le prolongement naturel du nouveau contrat d’auteur", y explique-t-on. Par ailleurs, avec un nombre de salariés désormais stabilisé à 36, répartis sur deux sites, la société allège sa production à 120 titres au total, dont 50 au Rocher. Parmi les projets qui feront parler d’eux, en avril, un monument de littérature et de spiritualité, le Dictionnaire encyclopédique de Marie (1 000 pages) de Pascal-Raphäel Ambrogi et Dominique Le Tourneau ou, en mai, un coffret Un cœur de feu ! 150 Homélies à vivre du père Zanotti-Sorkine avec 5 CD. Chez Salvator, Yves Briend poursuit aussi ses investissements. Il a recruté l’an dernier une éditrice jeunesse - le département commence doucement à éclore - ainsi qu’un quatrième éditeur, François-Xavier Duruy, pour renforcer l’équipe éditoriale. Il améliore sa diffusion-distribution.

"Les gens attendent des signes d’espoir, des êtres qui prennent la vie à bras-le-corps, qui ne restent pas dans leur tour d’ivoire de croyances."Séverine Courtaud, Presses de la Renaissance- Photo OLIVIER DION

Un peu partout, sur le plan éditorial, l’heure est en tout cas au recentrage sur le livre chrétien, pilier commercial du secteur. "Dans notre collection "Chemin faisant", la meilleure vente est celle de Michel Delpech, J’ai osé Dieu… (15 000 exemplaires), observe Muriel Beyer, directrice des Presses de la Renaissance, qui revient aux fondamentaux de la maison, et donc au catholicisme. Les autres auteurs témoignaient de leurs engagements, or on nous attend sur la spiritualité. Nous allons nous recentrer sur le catholicisme et si nous abordons des sujets de société, nous le ferons avec des auteurs ayant une vision catholique affichée." Au Seuil, Elsa Rosenberger constate l’importance du travail de pédagogie à réaliser sur le religieux. "Les auteurs confessionnels sont parfois difficiles à publier. Ils ont une langue qui doit presque être traduite", note-t-elle. Le Jésus expliqué à tous de Joseph Doré, qu’elle publie en mai, n’aura pas besoin, lui, de décodeur.

"On ne manque pas de grandes figures. Les grands vivants, ceux qui savent dresser des ponts, il faut les faire apparaître. Qui connaissait Christian de Chergé avant le drame de Tibhirine ?"Frédéric Boyer, Bayard- Photo OLIVIER DION

"Cela reste difficile d’installer des livres, constate aussi l’éditrice du Seuil. Les lecteurs attendent des maîtres de sagesse comme Alexandre Jollien ou Matthieu Ricard. " La société est à la recherche de modèles, d’exemples. En la matière, le pape François a tout pour lui. Après deux ans de pontificat, la déferlante éditoriale ne se tarit pas. Il parle entre deux portes ? On publie. Il tweete ? On publie. Et le succès est au rendez-vous. François, le printemps de l’Evangile de Frédéric Lenoir (Fayard) s’est vendu à près de 35 000 exemplaires selon l’éditeur. François parmi les loups du vaticaniste Marco Politi (Philippe Rey), paru la semaine du 7 janvier alors que l’attention était focalisée sur les assassinats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, est sorti à 15 000 exemplaires en deux mois malgré l’annulation des opérations de promotion pour lesquels l’auteur était spécialement venu à Paris.

Figures emblématiques

L’annonce par le pape François, pour 2015-2016, d’une Année sainte de la miséricorde permet d’attirer l’attention sur des maisons d’éditions plus discrètes. Le pape a dit avoir été frappé par La miséricorde du cardinal Walter Kasper publié aux éditions des Béatitudes, et le livre sera remis en avant à cette occasion. Un des titres phares des éditions Médiaspaul, Prêtres : sortir du modèle unique d’Albert Rouet, devrait faire date sur la vie et l’engagement des prêtres aujourd’hui. De son côté, Parole et silence a publié, fin 2014, le premier tome des œuvres complètes de Joseph Ratzinger, Jésus de Nazareth : la figure et le message. Il regroupe les trois livres de l’ancien pape (parus en 2007, 2011 et 2012) dans une édition revue et corrigée, republiés dans l’ordre des différentes périodes de la l’existence de Jésus, de l’enfance à la Résurrection.

"Les gens attendent des signes d’espoir, des êtres qui prennent la vie à bras-le-corps, qui ne restent pas dans leur tour d’ivoire de croyances", analyse Séverine Courtaud, éditrice aux Presses de la Renaissance. La maison a trouvé un "exemple" en or : sœur Sophie de Jésus. Cette religieuse française de 47 ans publie en avril Défier le chaos, alliant la compassion d’une mère Teresa au sens de l’action d’une sœur Emmanuelle. La "sainteté dans le chaos" est sa devise. Elle sort des jeunes de la misère aux Philippines à travers une Ecole de vie et un programme "seconde chance", et elle s’apprête à créer à Marseille une structure équivalente.

Autre grand aimé du public, François Cheng, l’académicien venu du bout du monde avec sa délicatesse. Après les 90 000 exemplaires de Cinq méditations sur la mort et les 72 000 ventes d’Assise, François Cheng devrait enchanter à nouveau ses aficionados avec ses Entretiensavec Françoise Siri. Le livre reprend les cinq émissions "A voix nue" (France Culture) où il s’était livré librement, et avec un ton très personnel, sur son parcours. Des poèmes, dont 12 inédits, complètent ce moment de lecture hors du temps.

Enfin, 2015 sera l’occasion de (re)découvrir un autre grand visage spirituel, au regard et au visage émacié inoubliables, le père Pierre Ceyrac. Sur les plateaux de télévision, le silence se faisait, les "grandes gueules" s’inclinaient devant celui qui affirmait que "tout ce qui n’est pas donné est perdu"… Bayard a publié en mars le testament spirituel du célèbre "father India". Ses Carnets spirituels sont suivis d’un entretien avec l’écrivain Jean-Christophe Rufin. "On ne manque pas de grandes figures.Les grands vivants, ceux qui savent dresser des ponts, il faut les faire apparaître. Qui connaissait Christian de Chergé avant le drame de Tibhirine ?" lance Frédéric Boyer, directeur des éditions Bayard.

Quand le spirituel n’est pas religieux, il ouvre les bras à un autre public. Des éditeurs l’ont compris, en jouant une partition ciblée, comme Eyrolles avec sa collection "Spiritualités laïques". Deux revues-livres spirituels viennent de faire leur entrée en librairie. Le superbe trimestriel Ultreïa ! (Hozhoni), né en octobre 2014, emprunte les chemins de la sagesse et se saisit de la thématique du voyage réel, spirituel, philosophique ou initiatique. Dans le même temps, Question de est de retour depuis janvier. Le défi a été relevé par Marc de Smedt dès le premier numéro qui, sur le thème de la méditation, s’est vendu à 10 000 exemplaires en deux mois. Le n° 2, en juin, sera consacré à la méta-écologie, autrement dit à l’écologie spirituelle. Il croisera peut-être sur les tables l’encyclique du pape sur l’écologie. La date de parution, qu’on dit imminente, de ce texte qui fera événement est inconnue. Ce sera en effet la première fois qu’un pape s’exprime sur l’écologie dans le cadre d’une encyclique, la mettant de fait en tête des nouvelles priorités de l’Eglise. Nature, beauté, sacré, arts, mots apaisants pour notre temps… Le groupe Artège reprend la revue bimestrielle Arts sacrés et Le Passeur publie Saisir le merveilleux dans l’instant de Pauline Bebe, première femme rabbin de France.

Il est aussi des questions sociales et politiques qui ont besoin d’un éclairage spirituel telles celles du mariage et du divorce. Côté bonheur, il manquait un "Guide Michelin" du mariage chrétien : Préparons notre mariage de Bertrand Révillion, Chantal et Antoine d’Audiffret (Médiaspaul) présente tous les aspects du sacrement religieux et évoque aussi tous les aspects pratiques. Il s’agit d’un vade-mecum exhaustif et indispensable pour le mariage. Concernant "le bonheur après le bonheur", Médiaspaul publie aussi Divorcés, remariés de Guy de Lachaux. Concernant la fin de vie, Pierre d’Ornellas et la Conférence des évêques de France publient en mars chez Salvator un plaidoyer pour la fraternité dans l’accompagnement du mourant : Fin de vie, un enjeu de fraternité.

Aux Presses de la Renaissance, Jean-Vital de Monléon, qui a fondé en 1999, au CHU de Dijon, la première consultation de France pour l’accueil et l’accompagnement pour les enfants adoptés propose en septembre N’oublions pas les enfants :adoption homosexuelle et nouvelle parentalité. La maison, toujours fidèle aux témoignages qui ont fait son succès, publiera également en octobre Ancien prêtre marié d’Annick et Benoit Magne-Pingeon, où un couple raconte son parcours hors du commun, dans toute sa vérité.

Moins de librairies religieuses

La production religieuse subit toutefois, même si elle est aussi diffusée dans les librairies générales, l’accélération du rythme des fermetures de librairies spécialisées, tandis que les repreneurs ne se bousculent pas. Les 37 librairies catéchétiques des éditions CRER, qui ont désormais adopté un nom pour leur enseigne, Le Monde de Théo, se sont redynamisées, mais leur nouvelle image et la meilleure visibilité qui en découle les placent dans une concurrence plus directe avec les indépendants. Dans certaines villes comme Troyes ou Caen, on trouve à la fois une CRER diocésaine et une librairie spécialisée. Cependant, après une période de flottement, le Syndicat des libraires religieux (SLLR) se trouve redynamisé sous la houlette d’un nouveau président, Christophe Scelles, libraire à Caen. Le SLLR fédère pour l’heure 26 libraires sur les 80 librairies spécialisées recensées (librairies monastiques, indépendantes, Siloë, Procure). Son objectif est de proposer à ses adhérents de se regrouper pour défendre les spécificités de leur métier de libraires religieux, de rencontrer les éditeurs en tant que partenaire, de recruter de nouveaux adhérents. Le SLLR propose plusieurs affiches du dessinateur Emmanuel Chaunu qui donnent le ton : "Avec mon libraire religieux, je donne du sens à mes lectures", "Avec mon libraire religieux, lire est aussi une rencontre"

La Procure, quant à elle, s’en sort bien malgré une année difficile. "A Paris, il est vrai que nous souffrons en termes de fréquentation et dans les rayons savants et exigeants. Mais nous sommes en pleine progression à Versailles, et en développement à Lyon. Et notre site Internet en fin d’année 2014 a fait un bond jamais vu de 40 %. Nous avons donc partiellement bénéficié du transfert des ventes sur Internet", se réjouit le directeur de La Procure, François Maillot. En outre, le travail avec les libraires Siloë, entamé l’année dernière, se poursuit en très bonne intelligence.

La religion en chiffres

La semaine qui ébranla l’édition religieuse

Les assassinats et prises d’otages survenus le 7 janvier à Paris, à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, ont eu un impact fort sur une partie de la production de l’édition religieuse et suscité plusieurs initiatives des éditeurs.

Le soir du 7 janvier 2015, après l’attentat contre Charlie Hebdo, des milliers de personnes se rassemblèrent place de la République.- Photo OLIVIER DION

Seule une transmission intelligente de la connaissance au plus grand nombre pourra éloigner durablement le spectre de la haine, des amalgames simplistes et de la barbarie. A côté des nécessaires actions dans les domaines politique et social, il revient aux savants, aux écrivains, aux spirituels… et à leurs éditeurs d’offrir à tous cette connaissance." C’est dans cet esprit que Jean Mouttapa, directeur du département Spiritualités d’Albin Michel, a réalisé un mini-catalogue de 24 pages,"Islam, d’autres visages", tiré à 50 000 exemplaires, distribué au Salon du livre de Paris, envoyé à la presse, aux bibliothèques et aux librairies par paquets de 20. De fait, les assassinats et prises d’otages survenus le 7 janvier à Paris, à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, ont eu un fort impact sur l’édition spécialisée et sur ses ventes.

"A côté des nécessaires actions dans les domaines politique et social, il revient aux savants, aux écrivains, aux spirituels… et à leurs éditeurs d’offrir à tous cette connaissance."Jean Mouttapa, Albin Michel- Photo OLIVIER DION

L’intérêt pour l’islam ne date pas du mois de janvier. Chez First, par exemple, les ventes de L’islam pour les nuls s’établissent à 35 000 exemplaires, et celles du Coran pour les nuls à 13 500. En 2014, le nombre de titres traitant de l’islam a bondi de 22 %, à 122 nouveautés et nouvelles éditions, d’après nos données Livres Hebdo-Electre. Mais, après les événements, l’éditeur Albouraq, éditeur et distributeur de l’islam de France, a vu ses ventes de corans augmenter de 30 %. Mansour Mansour, directeur d’Albouraq, qui distribue 10 éditeurs arabo-musulmans, estime que les jeunes musulmans d’aujourd’hui n’ont pas une religion de conviction mais une pratique "naïve", nourrie par les informations, des valeurs transmises par les parents et non interrogées, non réfléchies. Ce que décrit parfaitement, selon lui, Pourquoi j’ai cessé d’être un islamiste : itinéraire au cœur de l’islam en France de Farid Abdelkrim (éditions Les Points sur les i). Mansour Mansour, à la fois Français et musulman, a donc accéléré le lancement de deux collections, "Je veux comprendre" et "Je veux savoir", des ouvrages écrits par des spécialistes musulmans, pour dresser des passerelles entre judaïsme et islam, France et islam, et mieux faire connaître les grands personnages et les messages de l’islam. Un travail de fourmi, de longue haleine et d’utilité publique.

Des initiatives sont aussi en préparation chez d’autres éditeurs. Au Seuil, le tandem Gérard Mordillat-Jérôme Prieur publiera Jésus et l’islam en novembre, en parallèle à la diffusion d’une série documentaire sur Arte. Chez Albin Michel, pour la première fois de sa carrière, Jean Mouttapa a mis un livre en cinq semaines en librairie : Plaidoyer pour la fraternité d’Abdennour Bidar (25 500 exemplaires). Sa "Lettre ouverte au monde musulman" a d’abord été publiée dans Marianne et lue par 2 millions d’internautes (sites de Marianne, Huffington Post, Mediapart…) avant de paraître aux Liens qui libèrent (1er avril ). Qu’Allah bénisse la France d’Abd Al Malik, réédité fin 2014 à l’occasion de son adaptation cinématographique, en est à 29 000 exemplaires, sans compter les 15 000 initialement vendus en grand format et les 53 000 de la précédente édition en poche. Le rappeur vient aussi de publier chez Indigène un plaidoyer de 32 pages pour que l’islam ne soit plus source de malentendus, Place de la République : pour une spiritualité laïque. Le 1er tirage de 40 000 exemplaires a été suivi d’une réimpression à 15 000.

Si l’islam ne fait pas vendre, un nombre remarquable de livres tirent néanmoins leur épingle du jeu. Reza Aslan, historien des religions qui se nourrit personnellement des cultures chrétiennes et musulmanes, a vendu l’an dernier 12 000 exemplaires du Zélote (Les Arènes). Il a lancé en mars Le miséricordieux qui tombe à point nommé en rappelant la véritable histoire de Mahomet et de l’islam. Au Seuil, le fonds a été remis en vente avec un bon de commande spécial pour les libraires, et les résultats sont au rendez-vous. Le Coran expliqué aux jeunes de Rachid Benzine (14 000 exemplaires depuis janvier 2013) est encore sorti à 2 500 exemplaires entre janvier et février.

"Un livre c’est un cœur-à-cœur, pas de la communication de masse. On peut y faire passer autre chose que des slogans. Notre société crève sous les slogans, estime Bruno Nougayrède, le P-DG d’Artège. Notre contribution à l’esprit du 7 janvier, c’est de faire des livres de fond qui vont éclairer les gens plutôt que d’alimenter des débats."

L’amour et la joie

Avec 6 livres placés dans notre Top 50 GFK/Livres Hebdo, auxquels s’ajoutent 2 autres titres qui lui sont consacrés (Ainsi fait-il de Caroline Pigozzi chez Plon et François, le printemps de l’Evangile de Frédéric Lenoir chez Fayard), le pape François reste pour 2014 la star des meilleures ventes de livres de religion. Commercialisée par plusieurs éditeurs, son exhortation apostolique La joie de l’Evangile est classée plusieurs fois au palmarès à des prix différents. Du Saint-Père également, L’Eglise que j’espère (Flammarion) et Méditations quotidiennes du pape François (Bayard).

Le palmarès 2014 reste toutefois fortement imprégné par les deux autres "locomotives" du secteur, Frédéric Lenoir et Matthieu Ricard, qui y placent respectivement 6 et 4 ouvrages. Avec eux comme avec le souverain pontife, il est question de joie et d’amour. L’amour est également un sujet taillé sur mesure pour le nouveau groupe chrétien Artège, qui a connu deux très beaux succès avec Aimer en vérité de l’abbé Grosjean, un livre pour les jeunes (Artège), et grâce à L’amour : une affaire sacrée, une sacrée affaire du père Zanotti-Sorkine (Rocher), qui figure également dans le classement pour Au diable la tiédeur (Pocket). Plus grand public, Michael Lonsdale est présent avec 2 titres, Jésus, j’y crois chez Bayard et L’amour sauvera le monde (Points, "Vivre"). Au total, les formats poche et les ouvrages à moins de 10 euros représentent la moitié des titres de la liste.d

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