Le poète et dessinateur ivoirien Frédéric Bruly Bouabré, né entre 1920 et 1923 près de Daloa, est mort le 28 janvier à Abidjan.
 
Sa vie bascule à la suite d’une révélation divine en 1948. Il devient alors "Cheik Nadro", "celui qui n’oublie pas", et se consacre à l’invention d’une écriture spécifiquement africaine pour sauver de l’oubli la culture du peuple bété dont il est originaire. C’est ainsi que naît l’alphabet Bété, un syllabaire composé de 448 signes. Avec cette écriture, il retranscrit notamment des contes et légendes traditionnels.
 
Découvert par l’explorateur Théodore Monod, cet alphabet est publié en 1958. Il est aujourd’hui consultable dans Lois divines révélées (X. Barral), un coffret qui réunit quatre volumes consacrés à l’artiste. Des témoignages de proches et de spécialistes de son travail enrichissent ce beau livre. Par ailleurs, Philippe Bordas a écrit L’invention de l’écriture, un roman sur la vie de Frédéric Bruly Bouabré, paru en 2010 chez Fayard.
 
Son œuvre est exposée pour la première fois en Europe en 1989 lors de l'exposition "Magiciens de la terre" au Centre Pompidou. En 2006, le Musée d'art moderne de Genève lui a consacré une exposition intitulée "Connaissances du Monde" et il a représenté la Côte d'Ivoire pour sa première participation à la Biennale de Venise en 2013.