Ils seraient au nombre de 21. Ce sont les points de doctrine les moins bien compris de Descartes, ceux sur lesquels courent confusions, préjugés ou calomnies. Pour rétablir la vérité sur ce philosophe au programme de l’agrégation en 2015, Denis Kambouchner a concocté un épatant "répertoire des fausses idées sur l’auteur du Discours de la méthode, avec les éléments utiles et une esquisse d’apologie". C’est en effet le sous-titre de son très utile Descartes n’a pas dit.

Professeur d’histoire de la philosophie moderne à l’université Paris-1, responsable de la nouvelle édition en cours des Œuvres complètes chez Gallimard, Denis Kambouchner use d’un langage limpide pour mettre Descartes sur table et faire comprendre ce qu’il a écrit et rien d’autre.

Descartes n’a ainsi jamais dit qu’on n’apprend rien d’utile dans les écoles, que les sens nous trompent, que rien n’est vrai que ce qui est clair et distinct, que la méthode consiste en quelques règles seulement, que le corps humain est pure machine, que nous avons tous les droits sur les animaux, que la morale parfaite est hors de portée, etc. Denis Kambouchner n’hésite pas à recourir à la forme du dialogue avec un contradicteur pour mettre davantage en évidence la polémique.

Dans ce très utile vade-mecum cartésien qui fait autant appel aux œuvres qu’à la correspondance, Denis Kambouchner fait le ménage dans les a priori, de la morale à la métaphysique. En creux, c’est la vie de Descartes qui apparaît avec une philosophie ouverte qui invite à la discussion. La preuve, à chaque époque, Descartes nous pose des questions autour de la raison. Il suffit de vraiment le lire. Laurent Lemire