« Rien ne reste jamais pareil. On a beau tenter de maintenir les choses en l'état, tout change. » Surtout si un trauma passe par là. Le roman précédent d'Anna Enquist s'achevait sur une tragédie, touchant quatre amis, unis par la musique. « D'une certaine façon, le quatuor à cordes » (qu'ils formaient jadis) « est un organisme vivant ». Mais là, il est au point mort. Difficile de partager leurs états d'âme. Que les blessures soient apparentes ou non, elles fissurent leurs liens. Dire que Caroline et Jochem avaient déjà affronté la perte de leurs enfants. Le couple tangue. « Au premier traumatisme, on se relève tant bien que mal et au deuxième, on s'effondre. »
Comment ne pas sombrer face à un mur de silence ? « Ne pas pouvoir avancer, ne pas avoir le courage de reculer. » L'impasse les dépasse. L'auteure néerlandaise nous a déjà démontré que les deuils ou les crises « offrent l'occasion de faire des choix audacieux ». Amputée d'un doigt, Caroline doit changer d'horizon. Direction la Chine. Tandis que Jochem érige une forteresse de détresse, sa femme « ne s'inclinera pas devant l'échec ». Il est dur de se reconstruire, mais ce roman, sous forme de fugue, rappelle qu'aucun destin n'est figé. « Tu vois, la vie continue au jour le jour. Lâcher, il faut lâcher. »
Anna Enquist
Car la nuit s'approche -Traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif
Actes Sud
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 22 euros ; 288 p.
ISBN: 9782330127336