3 mai > Récit France-Suisse > Alex Capus

Le titre de ce livre, Voyageur sous les étoiles, s’applique à son sujet, Robert Louis Balfour Stevenson (1850-1894), richissime "Ecossais poitrinaire" devenu écrivain illustre - tout le monde a au moins lu, parmi son œuvre diverse et plus qu’abondante, L’île au trésor et L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde -, qui a passé l’essentiel de sa vie à voyager, et est mort à l’autre bout du monde. Il peut aussi bien s’appliquer à son auteur, Alex Capus, un Normand installé en Suisse alémanique depuis l’enfance, francophone qui écrit ses livres en allemand et s’est rendu lui-même trois fois aux Samoa, ce qui semble ne pas être une mince affaire, afin de préparer son livre. Il s’est s’imprégné de l’ambiance, a visité les hauts lieux stevensoniens, sa somptueuse maison de Vailima, non loin d’Apia, la capitale de l’île, ou encore sa tombe, tout en haut du mont Vaea, où repose aussi sa seconde femme, Fanny Osbourne, une Américaine, mère de Lloyd, qui fut à la fois le beau-fils de l’écrivain et son collaborateur littéraire.

Alex Capus commence son récit en 1889, lorsque les Stevenson arrivent aux Samoa, en principe pour un reportage de deux semaines. Ils y resteront jusqu’en décembre 1894. Après la mort de Stevenson, la tribu se transportera dans de beaux endroits "civilisés", pour vivre de ses rentes grâce à l’écrivain, qui a beaucoup gagné d’argent de son vivant. Mais pas assez, selon l’essayiste moderne, pour assurer ce train de vie de nabab qu’il a mené durant des années, avec ses voyages incessants. Capus, persuadé que sa vie recèle encore bien des énigmes, échafaude donc une hypothèse séduisante : Stevenson aurait trouvé son île au trésor, Cocos, deuxième du nom, dans l’archipel des Tonga-Samoa, en fait Tafahi, où il allait se ravitailler régulièrement en richesses. Seuls quelques amis proches étant dans la confidence. Une île inhospitalière, comme le reste des Samoa, à rebours des dépliants touristiques. Le climat, en particulier, était atroce pour le tuberculeux, qui va y subir un long calvaire, crachant le sang et accablé des crises de fureur de Fanny.

Le récit d’Alex Capus est érudit, passionnant, pittoresque. Il a le mérite de laisser son histoire aussi mystérieuse à la fin qu’au début. A moins d’aller fouiller soi-même la jungle sauvage de Tafahi. J.-C. P.

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