Avant-critique Récit

Daniel Rondeau, "Beyrouth sentimental" (Stock)

Daniel Rondeau portrait à la bibliotheque de l'Institut de France - Photo © Christophe Beauregard 2021

Daniel Rondeau, "Beyrouth sentimental" (Stock)

L'académicien Daniel Rondeau retrace ses trente-cinq années de fraternité et d'engagement pour le Liban.

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Par Jean-Claude Perrier,
Créé le 26.05.2023 à 09h00 ,
Mis à jour le 01.06.2023 à 16h41

Au fond du puits. À la toute fin de son livre, Daniel Rondeau explique que le nom de Beyrouth « viendrait d'un mot phénicien qui signifie puits ». Parce que, depuis l'Antiquité jusqu'à notre époque, le Liban était un pays riche en eau, fertile, apparaissant comme une oasis au milieu des déserts. Et pas seulement au sens géographique : au cœur d'un Moyen-Orient en proie à tous ses démons, le petit « pays du cèdre » a longtemps incarné la stabilité, la joie de vivre, la prospérité. C'était avant, bien sûr. Avant l'atroce guerre civile des années 1975-1990, qui a fracturé un équilibre déjà fragile, à cause du système confessionnel de répartition des pouvoirs, Constitution mise en place sous le mandat français en 1926, et toujours en vigueur. Avant les dures crises économiques qui ont frappé le pays, avant la guerre en Syrie et l'arrivée de 1,5 million de réfugiés (pour 5,5 millions de Libanais) et avant l'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui a dévasté la ville. Sans parler de la corruption endémique et de la paralysie politique organisée qui font les affaires des castes au pouvoir, quelles que soient leurs religions : chrétiens (maronites), musulmans sunnites ou chiites.

De tout cela, Daniel Rondeau est familier depuis les années 1980, lorsqu'il s'est engagé au côté des chrétiens du général Aoun, qu'il a soutenu avant, pendant et après son exil en France, puis revu souvent lorsqu'il fut président de la République, de 2016 à 2022. L'Histoire jugera son action, mais Rondeau est un fidèle. Comme il est fidèle au pays depuis sa première venue, en 1987, pour organiser des conférences et rencontres d'écrivains. Il récidivera en 2009, alors ambassadeur de France à Malte, imaginant la croisière Ulysse 2009, et débarquant des écrivains dans le bassin méditerranéen, notamment à Beyrouth. Missions accomplies avec l'accord des autorités françaises au plus haut niveau. Rondeau est un peu un missi dominici, à l'aise dans les allées du pouvoir, murmurant à l'oreille des puissants (jusqu'à l'actuel Président), tout en préservant farouchement son quant-à-soi, sa liberté de penser et d'écrire. Ainsi dans Chronique du Liban rebelle 1988-1990 (Grasset, 1991), qui ne lui a pas valu que des amis, des deux côtés de Mare Nostrum.

Il revient aujourd'hui sur ses trente-cinq années d'engagement en faveur du Liban, et surtout des Libanais. Classés chronologiquement mais sans insister, voici des portraits, des rencontres, des saynètes, ainsi que des interviews d'anonymes ou de célébrités, collectées au fil du temps. Comme Salah Stétié, le poète Adonis, Fairuz, ou même, en 2022, Carlos Ghosn, qui se dit « optimiste pour l'avenir du Liban ». Amen.

Daniel Rondeau
Beyrouth sentimental
Stock
Tirage: +/- 4 500 ex.
Prix: 19,50 € ; 224 p.
ISBN: 9782234083660

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