D'abord autoédité, Les suppliciées du Rhône, premier roman de Coline Gatel, fut publié par Préludes en 2019 et vendu à 10 000 exemplaires. Un parcours aux airs de conte de fées pour un roman qui n'en était pas un : l'auteure y mettait en scène, à Lyon, Alexandre Lacassagne, le père de l'anthropologie judiciaire, dans une fin de XIX^e siècle hantée par des meurtres en série. Dans Le labyrinthe des femmes, second tome de ses aventures, on le retrouve entouré des membres de l'équipe scientifique qu'il a montée pour mener ses investigations. Irina, ancienne aristocrate marquée d'étranges cicatrices, Félicien, charmeur aux obsessions ambiguës pour le crime, et Bernard, petit monsieur aux rêves conformistes, enquêtent sur la découverte d'un charnier dans les souterrains de la ville. Les victimes, des femmes, ont été torturées par le feu et arrosées d'eau bénite.

Le labyrinthe des femmes réjouit par la vivacité de son ton, la précision de ses ambiances et l'ambition de son intrigue : Coline Gatel ne se contente pas de suivre la piste d'un tueur fou, mais fait le fin portrait d'une société malade de son machisme. Recréant l'époque fascinante où se rencontrèrent la médecine légale, la psychanalyse et la technique, la romancière donne vie aux origines de la police scientifique. Plongeant dans la brutalité des asiles (avec un joli clin d'œil à Nellie Bly, audacieuse journaliste américaine qui se fit interner pour témoigner), convoquant sorcières et suffragettes, elle raconte également les premiers feux du féminisme moderne. Vivifiant !