Disparition

Le cinéaste et écrivain Claude Lanzmann est mort jeudi 5 juillet à l'âge de 92  ans. Gallimard a annoncé le décès à l'AFP affirmant qu'il "était très faible depuis quelques jours".

"Tout est mort, mais on n'est qu'un homme, et on veut vivre. Alors, il faut oublier. Il remercie Dieu de ce qui est resté et qu'il oublie", entendait-on dans Shoah, documentaire fondateur de la mémoire de l'Holocauste. Claude Lanzmann a aussi été journaliste et écrivain. 

Né le 27 novembre 1925, entré en résistance à 18 ans, communiste dès sa jeunesse, il était devenu un ami de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, avec qui il avait vévu une histoire d'amour jusqu'en 1959. En 1986, il lui succède à la direction de la revue Les Temps moderne. 

Ne pas oublier la Shoah

Claude Lanzmann est l'auteur d'une dizaine de livres: L'Oiseau n'a plus d'ailes… Les lettres de Peter Schwiefert (Gallimard, 1974), Shoah (Fayard, 1985), texte intégral du film avec une préface de Simone de Beauvoir, Au sujet de Shoah (Belin, 1990), Un vivant qui passe: Auschwitz 1943 - Theresienstadt 1944 (1001 nuits, 1997), La Tombe du divin plongeur (Gallimard 2012), recueil de ses préfaces, articles et discours. 

En 2009, Gallimard publie ses Mémoires, Le lièvre de Patagonie, prix des Editeurs 2009, et paru en poche chez Folio l'année suivante. Le livre c'est vendu à 250 000 exemplaires tous formats confondus.

Fortement engagé en politique, et notamment dans la défense d'Israël, l'objet de son premier documentaire en 1972, il a aussi été un fervent anticolonialiste. Figure emblématique du monde intellectuel français, Claude Lanzmann fait aussi l'objet de multiples essais à son sujet et sur ses films. On peut souligner le hors-série Connaissance chez Gallimard, sous la direction de Juliette Simont: Claude Lanzmann : Un voyant dans le siècle, paru l'an dernier.

Controverses

Sa personnalité passionnée a souvent alimenté quelques passes d'armes avec les historiens. C'est surtout en tant que passeur de mémoire sur la Shoah qu'il est régulièrement invité ou interpellé à la moindre polémique ou au moindre film évoquant les camps. Il a d'ailleurs été au cœur de nombreuses controverses, historiques, politiques, littéraires ou cinématographiques, jugé parfois trop partisan et se considérant régulièrement comme seul détenteur de la Mémoire de l'Holocauste, distribuant ainsi mauvais et bons points au fil des ans. Par exemple, en janvier 2010, quand il s'attaque au livre de Yannick Haenel, Jan Karski. Ou encore en 2016, au lendemain de la mort d'Elie Wiesel, où il choque en critiquant l'auteur, avec une rancœur déplacée. 

César d'honneur en 1986, Ours d'honneur à Berlin 2013, le cinéaste a laissé dix films derrière lui. Outre Shoah, en 1985, on lui doit aussi Tsahal en 1994, Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures en 2001, dont le texte intégral est publié aux éditions des Cahiers du cinéma, Le rapport Karski en 2010, Le dernier des injustes en 2013, dont le texte intégral est paru chez Gallimard, Napalm en 2017 et Les quatre sœurs actuellement en salles, portrait de quatre femmes déportées issu des archives inédites de Shoah.

"La mort ne va pas de soi. Moi, je ne suis pas du tout pour la mort. Je crois toujours à la vie. J'aime la vie à la folie même si elle n'est pas le plus souvent marrante", avait-il confié récemment à un journaliste de l'AFP. 
 

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