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Classement 2014 : les 400 premières librairies

Librairie Bulle, Le Mans. - Photo Olivier Dion

Classement 2014 : les 400 premières librairies

Notre classement des 400 premières librairies françaises selon leur chiffre d'affaires 2013 reflète un paysage en plein bouleversement. On perçoit pourtant nettement la capacité de la profession à se régénérer, comme en témoigne la place prise par les magasins créés depuis moins de dix ans.

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Par Clarisse Normand,
Créé le 20.03.2014 à 19h11 ,
Mis à jour le 20.05.2016 à 11h38

Notre classement se distingue cette année par la présence des librairies Chapitre. Ironie du sort, c’est à l’occasion de la liquidation judiciaire du réseau que l’on voit réapparaître nombre d’établissements qui avaient disparu de nos deux derniers palmarès, à la suite de la décision de leur maison mère Actissia de ne plus communiquer de chiffres. Leur retour est d’autant plus notable que 48 points de vente rentrent d’un coup dans notre tableau, dont trois sont redevenus indépendants en 2013 : Forum du livre à Rennes (19e), Privat à Toulouse (128e) et Le Chapitre à Dax (271e). Parmi ces revenants, beaucoup figurent en bonne position, 9 se situant même dans les 50 premiers rangs. Ainsi du Hall du livre à Nancy (9e), d’Arthaud à Grenoble (16e) ou encore des Volcans d’Auvergne à Clermont-Ferrand (17e).

Conséquence directe de ces réintroductions, le chiffre d’affaires de notre classement remonte à 896 millions d’euros, contre 800 millions l’an dernier. En bas de tableau, on trouve ainsi cette année des établissements qui, comme La Procure à Nice et La Librairie nouvelle à Voiron, réalisent 430 000 euros d’activité. L’an dernier, le 400e, Le Rameau d’or à Lyon, réalisait 340 000 euros.

 

Le même trio de tête.

En tête de palmarès, en revanche, on n’observe guère de changement, avec toujours le même trio dominant : Gibert Joseph, Gibert Jeune et Mollat. Suivent les habituels Furet du nord (4e) à Lille, Sauramps (6e) à Montpellier… La Procure vient se placer en 12e position avec son seul magasin de la rue de Mézières à Paris. Dans les précédents classements, faute d’avoir le détail sur la composition du chiffre d’affaires, cette entrée intégrait la VPC et l’ensemble des sept points de vente du groupe, mais, cette année, nous avons pu faire apparaître chacun individuellement. En revanche, toujours aucune trace de Kléber à Strasbourg ni de Dialogues à Brest, qui devraient pourtant figurer dans les 10 à 15 premiers rangs si leurs dirigeants ne s’opposaient pas à leur présence dans le classement.

 

Parmi les principaux mouvements enregistrés cette année et reflétant la vie de la profession, on trouve à la hausse les librairies ayant profité d’un report de clientèle lié à l’affaiblissement de la concurrence locale. C’est le cas d’Ombres blanches (10e) à Toulouse, mais aussi des Sandales d’Empédocle (157e) à Besançon, ou encore de M’enfin ? ! (257e) à Rennes. De même, nombre d’établissements ayant agrandi ou rénové leur magasin ont récolté les fruits de leurs efforts. C’est le cas de la Librairie de Paris (35e) à Saint-Etienne, de Passerelle (323e) à Dole ou encore de Bulle (152e) au Mans qui, depuis son agrandissement en septembre, a vu son activité décoller et qui, pour la première fois, nous a communiqué ses chiffres.

 

Reculs et progresions.

A l’inverse, notre palmarès enregistre aussi des reculs, notamment parmi les structures très présentes sur le scolaire et les ventes aux collectivités. Ces dernières ont en effet pâti de l’absence de réforme pour les manuels de lycée et de collège, et de la baisse des budgets relatifs à leur renouvellement. Ainsi d’EMLS (Entrepôt méditerranéen du livre scolaire, 11e) à Vitrolles ou, plus bas dans le tableau, de Georges (119e) à Talence et Darrieumerlou (197e) à Bayonne. Bien que conservant leur rang, Sadel (5e) et Cufay (7e) ont aussi vu leur chiffre d’affaires diminuer sensiblement. Au-delà de la problématique de l’absence de réforme qui se poursuivra en 2014 et 2015, certains s’interrogent sur la place que prendra le numérique dans le scolaire et, par suite, sur leur place dans ce nouvel univers.

 

Parmi les autres évolutions remarquables, signalons la belle progression de Maupetit (53e) à Marseille, liée notamment à l’ouverture de son point de vente au Mucem, ou encore celle du Cyprès (291e) à Nevers qui a fusionné avec la librairie jeunesse Gens de la lune.

Au-delà de ces mouvements individuels, notre palmarès permet aussi de rendre compte de tendances plus générales, à commencer par la capacité de la profession à se renouveler. En témoigne la montée en puissance des jeunes librairies. On voit ainsi entrer pour la première fois dans notre classement des établissements créés au cours des toutes dernières années, comme Cap culture (181e) au Havre, Furet du nord (245e) au Kremlin-Bicêtre ou Charlemagne (365e) à La Valette. Sur les 400 librairies répertoriées, une trentaine ont moins de dix ans d’existence. Représentant 7,5 % de notre panel, elles réalisent un chiffre d’affaires global de 40 millions d’euros. Par ailleurs, 62 libraires, représentant environ 120 millions d’euros, ont fait l’objet d’une transmission au cours des dix dernières années.

 

La liste pourrait s’allonger.

La comparaison avec notre tout premier classement des librairies, en 2005, montre que 25 magasins, réalisant alors au total 47 millions d’euros de chiffre d’affaires, ont disparu aujourd’hui. Parmi les fermetures les plus significatives, citons Le Verger des muses à Corbeil, Camponovo à Besançon, Panorama du livre à Saint-Laurent-du-Var ou encore Del Duca à Paris. Et, malheureusement, la tendance semble s’accélérer. Plusieurs établissements figurant dans ce classement 2013 n’existaient plus à la fin de l’année : Stanislas (270e) à Nancy, La Plume et l’écran (380e) à Bussy-Saint-Georges ou Furet du nord (298e) à Maubeuge. Et la liste pourrait s’allonger en 2014. Certaines librairies sont en redressement judiciaire, comme L’Imaginaire (195e) à Lorient ou Delprat (237e) à Aurillac. Et 23 magasins Chapitre n’ont toujours pas été repris. Parions qu’à l’inverse de nouvelles librairies verront le jour et apparaîtront dans nos futurs classements. <

 

Chaînes : la Fnac toujours en tête

 

Enrichi de cinq entrées, notre palmarès intègre pour la première fois l’enseigne Cultura.

 

Le classement des chaînes apparaît nettement plus étoffé cette année. Nous avons pu estimer le chiffre d’affaires réalisé par Cultura qui, pour sa première apparition, vient se placer au 4e rang. Nous avons également intégré plusieurs groupes de librairies appartenant à des éditeurs. A côté des cinq établissements de Gallimard (13e), figurent les trois de Flammarion (15e), l’ensemble se retrouvant, depuis le rachat du second par le premier, au sein de Madrigall. Nous avons également pris en compte pour la première fois, en tant qu’entité globale, les librairies d’Actes Sud (19e) et celles qui, sous l’enseigne Chantelivre (18e), évoluent dans le même groupe que L’Ecole des loisirs. Par ailleurs, La Procure (14e) a rejoint cette année notre classement des chaînes, alors qu’elle figurait jusqu’alors, avec sept points de vente et une activité de VPC, dans le palmarès des 400 (ce dernier présente désormais chacun de ces établissements individuellement).

Même dans ce nouvel environnement, la Fnac, avec Fnac.com, domine toujours largement le classement. L’enseigne qui l’an dernier a quitté le giron de PPR à la suite de son introduction en Bourse devancerait encore Amazon dont le chiffre d’affaires livre en France est estimé entre 350 et 400 millions d’euros selon les sources.

En revanche, deux chaînes font cette année leur dernière apparition dans notre palmarès : Virgin (7e), qui a fermé ses portes en juin dernier, et Chapitre (2e), qui a fait l’objet d’un dépeçage fin 2013-début 2014. Placé en liquidation judiciaire depuis le 19 avril dernier, Ducher est aussi dans une situation préoccupante, tandis que le réseau parisien L’Arbre à lettres s’amenuise au fur et à mesure de la vente de ses établissements (son périmètre se limitant aujourd’hui à ses deux magasins à Bastille et à Denfert-Rochereau).

Inversement, d’autres enseignes ont poursuivi leur développement. C’est le cas de Charlemagne et de Gibert Joseph, qui se sont adjoint chacun un magasin, et bien sûr des Espace culturel Leclerc et de Furet du nord qui poursuivent leur stratégie de développement géographique. <


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