12 avril > Nouvelles France

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De tous les Hussards, il est sans doute celui qui pratique le plus naturellement l’art du roman. Des Poneys sauvages à Je vous écris d’Italie en passant par Un taxi mauve ou Le jeune homme vert, au fil d’une œuvre pléthorique et voyageuse, Michel Déon aura beaucoup fait « sortir la Marquise à cinq heures » et connut « la mélancolie des paquebots ». On sait moins que ce styliste dans l’âme pratiqua aussi la concision cruelle de la nouvelle (deux volumes seulement en témoignent, dont le très beau Un parfum de jasmin, Folio). Celles, inédites à ce jour depuis leur publication initiale dans différents journaux, Votre Beauté, La Parisienne, Ici France, Le Figaro littéraire…, que nous proposent aujourd’hui, dans une présentation d’une parfaite élégance, les éditions Finitude, ne manquent d’ailleurs pas de cette cruauté douce-amère, comme une robe de soirée joliment froissée… De quoi est-il question dans ces contes moraux un rien rohmeriens ? Des infortunes de l’amour et des vertus dangereuses, quoi d’autre ? D’un parfum aussi, celui des années 1950, désormais aussi dissipé qu’entêtant dans la mémoire. En ce temps-là donc, des diplomates désœuvrés recevaient le soir venu de belles dames mariées dans leur garçonnière, des fils de sous-préfets s’entichaient de petites trapézistes, des secrétaires aux trop longues jambes pouvaient perturber les séances d’une conférence internationale pour la paix, et parfois, à l’aube, sur une plage espagnole, on pouvait apercevoir une Eve prendre son bain, seulement vêtue de probité pas si candide… Ce genre de choses. De Paris à Genève en passant par Formentera, la géographie du désir était paresseuse, mais déjà Déon pouvait écrire : « La mort du pittoresque a sonné le glas de la vie d’aventures. Restent les îles. » Dans ce chien-et-loup, quelque chose, très doucement, s’en allait… Olivier Mony

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