Dans cette chronique, l'écrivaine évoquait la comparution de l'écrivain Edouard Louis pour "atteinte à la présomption d'innocence" après la publication de son deuxième ouvrage, Histoire de la violence, et mettait en doute l'honnêteté du témoignage de l'éditeur dans ce procès.
La mise en examen de Christine Angot et Laurent Joffrin constitue une étape systématique dans ce type de procédure. Le procureur a requis le renvoi en correctionnelle, qui devrait intervenir dans les mois qui viennent.
L'histoire est complexe. Dans son deuxième roman, Edouard Louis raconte un viol dont il a été victime le soir de Noël 2012, juste après avoir terminé son premier roman, En finir avec Eddy Bellegueule. Quelques jours après sa publication, début 2016, un homme déjà condamné pour d'autres affaires est interpellé et mis en examen pour les faits évoqués dans le livre.
L'homme soupçonné d'être son agresseur, désigné dans le livre par son surnom, Reda, engage alors une procédure pour atteinte à la présomption d'innocence et à la vie privée. Au tribunal, en mars 2016, quatre personnes attestent avoir facilement reconnu leur ami Riadh B. en "Reda", parmi lesquelles, donc, l'éditeur Christophe Lucquin.
C'est dans ce contexte que, le 2 avril 2016, Christine Angot écrit dans Libération que Christophe Lucquin "qui publie des textes à caractère essentiellement pédophile", était "amoureux" d'Edouard Louis. Selon elle, déçu de l'absence de suite donnée à une lettre et à un message Facebook, l'éditeur aurait alors publié sur le réseau social "moqueries, jalousie littéraire, dénigrement" à l'égard d'Edouard Louis. Tout ceci aurait eu lieu bien avant que "Reda", appartenant au cercle de ses connaissances, ne soit interpellé dans cette affaire.
A la suite de la parution de l'article, Christophe Lucquin avait fait parvenir au quotidien un droit de réponse dans lequel il met en cause le texte de Christine Angot. "L’auteur me prête des sentiments pour monsieur Edouard Louis: je ne lui ai jamais envoyé de lettre d’amour et n’ai jamais posté une fois par semaine des messages sur Facebook le dénigrant, comme cela est indiqué. Plus gravement, madame Angot écrit que la maison d’édition que j’ai fondée et que je dirige "publie des textes à caractère essentiellement pédophile". Ces propos sont faux.", peut-on lire dans les colonnes de Libération sous la chronique incriminée.